La prévention de la délinquance : une priorité de l'action publique. De l'exigence de sécurité à celle de sûreté.
Institution:
Université Clermont Auvergne (2017-2020)Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The prevention of delinquency has become the subject of a full-fledged cross-cutting policy in France. In practice, whether at an inter-ministerial or local level, it is generally understood as an element of security policy. As a result, the actors often have a restrictive conception of crime prevention. It often finds itself subservient to other areas of competence. In addition, in a troubled context, the interest of public authorities in this area of action is gradually declining. However, with the law of March 5, 2007 relating to the prevention of delinquency, the conceptually revisited prevention was to operate a metamorphosis of public action and a change in the professional practices of all the actors who participate, even indirectly, in its materialization. In addition to the issue of the effectiveness of the law and its effectiveness, this situation questions the ability of public authorities to produce change and, in this case, to influence the behavior of professionals to produce its effects. It is therefore partly a question of measuring the gap between what the law says and what is actually undertaken or, in other words, of assessing the impact of the use of the law in the efficiency of a public policy and to identify the sources of legitimation that guide public action. However in many situations, the definition of the crime prevention strategy and its implementation are entrusted to an administration which does not perceive all the stakes and whose culture it is not really. The absorption of prevention in the Internal Security Code is thus a logical consequence of an old conception, a conception linked to the traditional relationship between security and prevention. Thus, beyond the games of actors and in a dialectical relation between legality and legitimacy, the study seeks to reveal the impact of the principles which underlie public action on the basis of two hypotheses. The first retrospectively calls into question the fact that the prevention of delinquency benefits from the legitimacy that is attached to the "security principle" and it is historically a carrier of values and practices that ultimately weakens it. Consequently, the second postulates the search for another conceptual basis for the prevention of delinquency, in this case the principle of surety, to enable it to constitute a space for coherence of public action.
Abstract FR:
La prévention de la délinquance est devenue en France l’objet d’une politique transversale à part entière. En pratique, et que ce soit à l’échelle interministérielle ou à l’échelon local, elle est généralement conçue comme un élément de la politique de sécurité. De ce fait les acteurs ont souvent une conception restrictive de la prévention de la délinquance. Elle se trouve souvent inféodée à d’autres domaines de compétence. Par ailleurs, dans un contexte troublé, l’intérêt des pouvoirs publics pour ce domaine d’action décline peu à peu. Pourtant, avec la loi du 5 mars 2007 relative à la prévention de la délinquance, la prévention conceptuellement revisitée devait opérer une métamorphose de l’action publique et une mutation des pratiques professionnelles de l’ensemble des acteurs qui participent, même indirectement, à sa matérialisation. Outre la problématique de l’effectivité de la loi et de son efficacité, cette situation interroge la capacité de la puissance publique à produire le changement et, en l’espèce, à influer sur le comportement des professionnels pour produire ses effets. Il s’agit dès lors en partie de mesurer l’écart entre ce que dit le droit et ce qui est réellement entrepris ou, autrement dit, d’apprécier l’impact du recours au droit dans l’efficience d’une politique publique et de cerner les ressorts de légitimation qui orientent l’action publique. Or dans bien des situations, la définition de la stratégie de prévention de la délinquance et sa mise en œuvre sont confiées à une administration qui n’en perçoit pas tous les enjeux et dont ce n’est pas réellement la culture. L’absorption de la prévention dans le Code de la sécurité intérieure est ainsi une conséquence logique d’une conception ancienne, conception liée à la relation traditionnelle entre sécurité et prévention. Ainsi, au-delà des jeux d’acteurs et dans une relation dialectique entre légalité et légitimité, l’étude cherche à révéler l’impact des principes qui sous-tendent l’action publique à partir de deux hypothèses. La première procède rétrospectivement à une remise en cause du fait que la prévention de la délinquance emprunte la légitimité qui est attachée au « principe sécurité », afin de montrer qu’il est historiquement porteur de valeurs et de pratiques qui in fine la fragilise. En conséquence, la seconde postule la recherche d’une autre assise conceptuelle à la prévention de la délinquance, en l’espèce le principe de sûreté, pour lui permettre de constituer un espace de cohérence de l’action publique.