Abstract EN:

La double décision de l’OTAN, prise à Bruxelles les 12 et 14 décembre 1979 par le comité des plans de défense de l’alliance atlantique, concernant l’implantation de 464 missiles américains « Cruise-Tomahawk » et de 108 « Pershing II » sur le territoire de cinq états européens a suscité de multiples controverses entre partisans et adversaires des armes nucléaires de portée intermédiaire en Europe. La multiplication des déclarations des églises dans le courant de l’année 1983 a contribué à recentrer le débat de l’armement nucléaire sur le plan éthique, au point de considérer aujourd’hui le débat église et défense comme une « retombée » de la crise des « euromissiles ». L’état, l’église, le pouvoir politique et l’opinion publique, les militaires, les clercs et les civils sont, qu’on le veuille ou non, amenés à collaborer, chacun en fonction de ses objectifs, attributions et compétences, au sein d’un état démocratique sur les grands problèmes de notre temps. Pour plusieurs raisons, le cas des Pays-Bas nous a paru être le plus adapté à cette démonstration : l’église locale y a traversé une crise d’identité sans précédent depuis la fin du concile Vatican II et sur le plan politique, le pouvoir se trouve aux mains de majorités de coalition fragiles et contestées. La situation du pouvoir politique est même à un certain moment, devenue si délicate que dans le débat des « euromissiles », l’église catholique a pu donner l’impression d’intervenir aux lieu et place du gouvernement. Forte d’une doctrine séculaire sur la guerre et la paix, l’église locale des Pays-Bas n’a pas hésité à déployer une activité importante dans la mobilisation des masses, contre la mise en place des armes nucléaires de l’OTAN, soit directement, soit par l’intermédiaire de groupes de pression qui lui sont liés.