Constitutionnalisme et ethnie en Afrique noire francophone : enjeux et perspectives : contribution à la théorie de l'Etat postcolonial
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Paris 1Disciplines:
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La volonté de soumettre la conquête, 1'exercice, la conservation et l'alternance au pouvoir à l'observation de règles de droit pré-établies et plus ou moins stables marque le renouveau du constitutionnalisme en Afrique noire depuis 1990. Ce faisant, le Constituant s'est employé à répondre aux exigences de la démocratie universelle et de l'Etat de droit. Il était temps en effet qu'il s'y employât dans la mesure où, depuis l'avènement du parti unique, et singulièrement dans l'espace francophone, les Etats qui le composent étaient soumis à une instabilité constitutionnelle chronique. Mais à bien regarder, la globalisation de la norme démocratique et de l'Etat de droit étaient loin d'être l'unique problème juridique à résoudre. Car, entre temps, la politisation accrûe de l'ethnie a débouché sur une rationalité politique particulière: l'ethnopolitique. Cette pratique s'est développée sur fond de vide juridique et d'absence d'une volonté ferme de soumettre le rapport à l'ethnie à l'observation des principes républicains. En leur état actuel, les droits constitutionnels francophones ne peuvent apporter une réponse conséquente au danger ethnopolitique qui accroît son champ et menace ces Etats. Cette obsolescence des droits africains est aussi symptomatique de la méprise séculaire dont l'Ethnie est l'objet dans la pensée juridique contemporaine en Afrique. Il était nécessaire que le constituant mît fin également à ce silence des droits africains sur l'ethnopolitique. Or, il en n'a pas senti l'urgence. En effet, en dehors des mises en garde contenues dans le bloc de constitutionnalité des Etats francophones, aucune mesure juridique concrète légale ou juridictionnelle ne vient donner suite au risque ethnoplitique permanent des sociétés africaines et le droit pénal dans l'espace francophone ignore encore le délit ethnopolitique. S'agit-il de la condescendance séculaire des juristes à l'égard de l'ethnie ou de la réduction du constitutionnalisme africain de la décennie 90 à une simple opération de positivisme juridique ? Quoi qu'il soit, le tournant génocidaire de l'ethnie en Afrique appelle une évolution conséquente du droit. La contemporanéité des ordonnancements constitutionnels et ethnopolitiques pose la nécessité pour le droit constitutionnel et la théorie de l'Etat de porter un nouveau regard sur l'ethnie.