thesis

La théorie des cycles politiques dans l'antiquité gréco-romaine

Defense date:

Jan. 1, 2006

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Institution:

Aix-Marseille 3

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

The theory of political cycles as a orderly, regular and repetitive succession of forms of governments that appears for the first time with Plato is a methodical synthesis between the greek cities governments' historical evolution, the different aspects of the presocratic conceptions of time and the typology of constitutional forms. Plato elaborates the first theory that combines both determinist and transformist conceptions of history through a juridical and moral, material and psychological approach of the unavoidable political change. With Aristotle, the theory becomes empirical and concerns the whole institutional history of the greek cities. He gives up the strict determinism of the platonism in order to understand the causality of political change. With Polybius at Rome, the theory becomes more complete to explain the natural laws of constitutional evolution of cities as Rome or Carthage, the superiority and the durability of the roman mixed constitution even if it will degenerate too, as every political bodies, political decadence on which every jurists, poets, historians will take care through ideas of Roman eternity, moral corruption, cyclical reappearance of golden age. Cicero after Polybius links the political cycle with the mixed constitution. His approach is eclectic and his conception of the political cycle is the last of the Antiquity, even if it will be used by Augustus to proclaim the restoration of the Republic. Under the Empire, the theory suffers from several mutations and disappears, replaced by poetical, historical, philosophical and cosmological cyclic conceptions of time and roman evolution attacked by christian thinkers who accept nevertheless some aspects of the pagan cyclical view of time. Never directly attacked in its strictly political or constitutional version, the theory of political cycles has been accepted as a common place by the most important political thinkers of the pagan Antiquity in order to definite a political temporality and the laws of constitutional change and becoming of the greek and roman cities. It finally represents a general reflection about the laws of birth, growth, decline and death of the constitutional organizations through juridical and political process based on the laws of history and the search of the best government, and an important contribution to the understanding of the links between the history of institutions and the history of political ideas.

Abstract FR:

Entendue comme une succession ordonnée, régulière et répétée de régimes politiques, la théorie des cycles politiques qui apparaît pour la première fois chez Platon représente une synthèse méthodique entre l'évolution historique des régimes politiques des cités grecques, les divers aspects de la conception présocratique du temps et l'effort de classification des formes d'organisation étatique. Platon élabore la première théorie qui combine à la fois une conception déterministe et transformiste de l'histoire à travers une approche juridique et morale, matérielle et psychologique de la transformation inéluctable des régimes. Avec Aristote, la théorie se dote d'un caractère empirique, se projette sur toute l'histoire institutionnelle des cités grecques. Il n'est plus alors question d'un ordre strict de succession des régimes politiques, mais d'une véritable tentative pour comprendre la causalité de la ruine des républiques dont Aristote dresse un bilan exhaustif et thématique. A Rome avec Polybe, la théorie trouve son expression la plus explicite et la plus achevée. Dénuée de tout fondement cosmologique, l'anakuklôsis s'érige alors en véritable loi naturelle des Etats pouvant expliquer le cheminement des institutions de Carthage et de Rome, et d'autre part, la supériorité de la constitution romaine sur celle des cités rivales. Elle s'impose alors dans l'esprit des penseurs républicains comme la justification historique de la meilleure constitution mais n'en exclut pas moins l'idée d'une décadence inéluctable de la République sur laquelle les juristes, historiens et poètes n'ont cessé de méditer à travers les thèmes récurrents de l'éternité de Rome, la corruption des moeurs ancestrales ou la nostalgie d'un âge d'or révolu mais voué à réapparaître périodiquement. Cicéron reprendra lui aussi de Polybe la théorie des cycles et du régime mixte dans un ordre et une logique comparables. Mais l'approche cicéronienne reste éclectique et constitue en fait la dernière version des cycles politiques de l'Antiquité, instrumentalisée par Auguste sous les traits d'une prétendue restauration de la République. Sous l'Empire, la théorie subit de profondes mutations et disparaît au profit de conceptions cycliques du temps plus historiques, poétiques ou cosmologiques auxquelles, malgré leur acceptation de certains aspects du temps cyclique, s'attaqueront les penseurs chrétiens. Dans son expression purement politique, la théorie n'a semble-t-il jamais subi d'attaque directe dans l'Antiquité et se présente même comme un lieu commun chez les plus grands penseurs politiques de l'Antiquité païenne, désireux de mettre en lumière les fondements d'une temporalité propre au domaine politique, de systématiser et d'ériger en loi du devenir constitutionnel le transformisme institutionnel caractéristique de l'évolution même de la cité grecque et romaine. Elle constitue une réflexion sur la naissance, la croissance, l'apogée, le déclin et la mort des organisations politiques et sur les mécanismes du passage de l'une à l'autre. Elle s'inscrit dans un processus juridico-politique faisant appel aux lois de l'histoire et à la quête du meilleur régime qui témoigne de toute l'interaction entre l'histoire des institutions et l'histoire de la pensée politique.