« La pratique du rap en Haïti : un lieu d'autoformation et de subjectivation »
Institution:
Sorbonne Paris CitéDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
This doctoral thesis is based on the self-training and the subjectivation side of the practice of rap music, both aspects are until there unexplored in this musical practice. It examines the way that individual become a competent rapper, according to the criteria implicitly created in the community practice around of rap music in the Haii political and economical context. It also reviews the construction of the rapper actors, based on the analysis of composite datas : text musics, video clips, biographical datas picked up from interviews with rappers and rap fans at Port-au-Prince, between 2013 and 2016. The proposed ideas are developed according to the epistemological, theoretic, and methodological filiation of the biographical approach. The picked datas allow us to understand that being a rapper depends on complex relations between informal and formal knowledges, on deferent moments of self-training process in whishes individual is confronted with knowledge challenge and self-challenge.Not necessarily an “engaged music”,the haitian rap is a “lamentation music”, a way for haitian rappers and rap fans to express their pain. In other words, because it does not catalyze serious collective movements, this music is rather a way for young people who want to express their feelings of despair, affliction, rage and even their shame in front of Haiti's chaotic situation. The Haitian rap has a most cathartic function rather than a political one.
Abstract FR:
Cette thèse porte sur la dimension d’autoformation et de subjectivation de la pratique du rap, deux aspects jusque-là inexplorés de cette pratique musicale. Elle examine la manière dont un individu lambda devient un rappeur compétent, selon les critères implicitement établis au sein de la communauté de pratique mise en place autour du rap dans le contexte haïtien. Elle éclaire aussi le processus de construction du rappeur-sujet en se fondant sur l’analyse des données composites : textes de musique, vidéo-clips, matériaux biographiques construits à partir des entretiens de recherche biographique menés à Port-au-Prince, entre 2013 et 2016, auprès des rappeurs pratiquants et des fans de rap évoluant en Haïti. La réflexion proposée s’inscrit dans la lignée épistémologique, théorique et méthodologique de la recherche biographique. Les matériaux collectés permettent de comprendre que le devenir rappeur consiste en une articulation complexe de savoirs informels et de savoirs formels, de différents moments d’un processus d’autoformation dans lequel le sujet apprenant est confronté à un défi de connaissance et un défi de soi. Loin d’être une « musique engagée », le rap haïtien se révèle plutôt comme une « musique de lamentation » qui tient lieu de modalité d’expression de la souffrance de ses pratiquants. En d’autres termes, à défaut de servir de catalyseur dans de sérieux mouvements de mobilisation collective, cette musique sert plutôt d’exutoire à des jeunes qui cherchent à exprimer leur sentiment complexe de désarroi, de déception, de désespoir, d’affliction, de rage et même de honte devant la situation chaotique d’Haïti. Le rap haïtien a donc une fonction un peu plus cathartique que politique.