Être sourd et apprendre l'anglais au collège : la signification identitaire de l'apprentissage d'une langue étrangère à l'épreuve d'une enquête ethnographique
Institution:
Paris 5Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This work deals with deafness and alterity, body and language. In France, deaf students are required to attend foreign languages classes to learn a third language (other than French and French Sign Language) – mostly English. Thanks to an interactionist approach, we assume that learning a foreign language can influence the perception that deaf students have of themselves and of the others at school. Two questions are raised. Firstly, what are the effects of learning English? It can either help deaf students to be better integrated in the academic system or on the contrary increase their risk of being even more excluded and marginalised. Secondly, what are the boundaries between deaf people and hearing people (as far as signed languages and spoken languages are concerned) and between French people and foreigners (as far as national languages and foreign languages are concerned)? The data were collected through ethnographic fieldwork in several specialised or mainstream secondary schools. Interviews and in-class observations were conducted in order to gather data dealing with discourses, representations but also interactions and practices in foreign language classes. Findings show the complexity of the relationships between deaf young people, foreign languages and foreign cultures. Several case-studies were examined and then combined.
Abstract FR:
La surdité pose la question du corps et du langage. Ce travail porte sur l’apprentissage scolaire d’une langue étrangère, telle que l’anglais, par des élèves sourds français. Je m’interroge sur la valeur que peut revêtir un tel apprentissage pour les élèves sourds, déjà locuteurs du français et de la langue des signes française (LSF). Dans une perspective interactionniste, je propose de mener une réflexion sur le rapport à soi et aux autres des jeunes sourds dans le cadre scolaire. Deux hypothèses interprétatives ont guidé ce travail. Premièrement, l’apprentissage d’une langue étrangère est envisagé en termes d’intégration : il peut être favorable à l’intégration scolaire des élèves sourds (valorisation de leur estime de soi) ou, au contraire, engendrer une stigmatisation supplémentaire (fragilisation accrue). Deuxièmement, l’apprentissage d’une langue étrangère peut être analysé en termes d’altérité : du fait de l’introduction d’une « troisième » langue, les frontières entre sourds et entendants (langues vocales et langues signées), d’une part, et entre Français et étrangers (langues nationales et étrangères), d’autre part, peuvent être redéfinies. A travers une enquête ethnographique menée au sein de plusieurs établissements scolaires – spécialisés et ordinaires – accueillant des élèves sourds, les discours et les représentations recueillies en entretien, les interactions et les pratiques observées en classe permettent de rendre compte de la complexité des rapports que les jeunes sourds entretiennent avec les langues et les cultures étrangères. Différents cas de figure sont distingués en fonction du profil des élèves avant de montrer comment ils peuvent se combiner.