Abstract FR:

Le Sahara fonctionne comme un site de référence qui génère un discours et une production d'images abondants et varies. Leur étude permet de faire apparaitre les structures de géographies imaginaires qui ne correspondent pas à la réalité observable. Le recours à des méthodes quantitatives peut rendre compte de telles distorsions. Cette démarche implique de réduire ces entités à des collections d'objets conceptualisés mesurables, donc comparables. C'est ainsi que l'on peut mettre en évidence quatre types de perceptions. Le désert "transfigure" se réduit à un espace initiatique, il correspond à la vision du mystique et du philosophe ; le désert "stratégique" est assimilé à un terrain (de combat pour l'officier saharien ou de compétition pour le coureur automobile) ; le dessert "consomme" est celui du touriste ; enfin le désert "explore" correspond à une approche scientifique. Ces quatre modes de représentations possèdent en commun d'investir l'espace géographique de connotations émotives fortes et de privilégier les paysages sablonneux au détriment de la forme dominante qu'est le reg. Ils s'alimentent tous à un archétype, qui s'est dessiné au moment de la révolution industrielle. Le Sahara est devenu le champ spatial d'une contre-culture : au progrès matériel il oppose une symbolique de la permanence et des valeurs spirituelles. Cette image n'est pas sans incidence sur la sphère économique, comme en témoignent son aménagement très tardif et le nouvel usage que l'occident en fait dans le domaine du tourisme et de l'automobile.