thesis

Le directeur d'école, un marginal au centre du système scolaire : analyse du pouvoir à l'école primaire

Defense date:

Nov. 26, 2018

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Institution:

Sorbonne Paris Cité

Disciplines:

Authors:

Directors:

Abstract EN:

This thesis explores the way in which power relations are constructed in French primary schools, by posing the question of the reality of the "power" of school principals. Power is mainly understood in the Croatian sense, as the control of areas of uncertainty by the various actors involved. French research is scarce on the issue of primary school principals, even though they abound on the issue of school heads. But primary school is not a legally autonomous institution like college or high school. It therefore has no legal and financial autonomy. The director is not a "headteacher", he does not have the administrative status. The emergence of primary school in France, analyzed historically in the first part, shows a school model under strong hierarchical supervision, in a highly centralized system with significant bureaucratic and regulatory legitimization. This legitimacy is challenged by the emergence of new actors and new policies, with a view to greater efficiency, which translates into a demand to work as a "project" at the local level. The mistrust of many teachers in the face of what is received as an injunction, has repercussions both on the close (NEI) and distant hierarchy (circulars, decrees, changes in policies depending on the electoral hazards) but above all on the direction school responsible for implementation. This is put in perspective with different sociological models (second part) and in particular with the sociology of Crozier's organizations related to more recent models (Mintzberg, Boltanski among others).The triangulation of the methods allows to obtain a vision and data at the same time generalist, via a survey by questionnaire (N = 5 747 among which 2 211 directors of school), singular by an ethnography integrated in the daily work of a director d and complementary from interviews with principals (N = 15) and with the immediate hierarchy (Inspectors, N = 5) and decision-makers, up to the ministerial cabinet. Epistemologically and methodologically, this thesis assumes the complementarity of quantitative and qualitative methods (Part Three). This work shows the tension, in the time of a change of frame of reference, between the educational freedom and the individualism which results from it and a call to the work "collective" according to the forms of the "New public management". It also shows the hesitations between this model of "autonomy" and the local and a centralized pyramidal model. He examines the paradox of a non-hierarchical, status-free school leadership and the resulting psychologization of relationships. We examine both the point of view of the directors and the point of view of the teachers on the particularly important issue analytically of the status of the first who cleave the functions. An examination of an important body of work shows the reasons and the consequences (fourth part). An integrated ethnography and interviews of directors (fifth part) bring out more precisely all the issues and power conflicts in a specific team; the occupation of the premises, the use of the school cooperative's money, the relations with the parents and the extracurricular for example, completes the portrait of the director in "marginal secant". Interviews with the superiors complete the situation of principals (Part Six). The director is undoubtedly a "secant marginal", but his power "is limited, sometimes disputed. Assigned to the "dirty work" of policing, he is at the center of games and challenges of complex alliances in and out of his school. It is finally examined whether and under what conditions it can be or become an "ingenious actor" capable of training a team beyond its only charisma.

Abstract FR:

Cette thèse explore la manière dont se construisent les relations de pouvoir dans les écoles primaires françaises, en se posant la question de la réalité du « pouvoir » des directions d'école. Le pouvoir est surtout entendu au sens crozierien, comme la maîtrise des zones d'incertitudes par les différents acteurs en présence. Les recherches françaises sont peu nombreuses sur la question des directions d'école primaire, alors même qu'elles abondent sur la question des chefs d'établissement. Mais l'école primaire n'est pas un établissement juridiquement autonome comme le collège ou le lycée. Elle ne dispose conséquemment d'aucune autonomie juridique et financière. Le directeur n'est pas un « chef d'établissement », il n'en a pas le statut administratif. L'émergence de l'école primaire en France, analysée historiquement en première partie, montre un modèle d'école sous forte tutelle hiérarchique, dans un système très centralisé avec une importante légitimation bureaucratique et réglementaire. Cette légitimité est remise en cause par l'irruption de nouveaux acteurs et de nouvelles politiques, en vue d'une meilleure efficacité qui se concrétise par une demande de travailler en « projet » au niveau local. La méfiance de bien des enseignants face à ce qui est reçu comme une injonction, se répercute à la fois sur la hiérarchie proche (IEN) et lointaine (circulaires, décrets, changements de politiques en fonction des aléas électoraux) mais avant tout sur la direction d'école responsable de la mise en œuvre. Ceci est mis en perspective avec différents modèles sociologiques (deuxième partie) et en particulier avec la sociologie des organisations de Crozier rapportée à des modèles plus récents (Mintzberg, Boltanski entre autres). La triangulation des méthodes permet d'obtenir une vision et des données à la fois généralistes, via une enquête par questionnaire (N=5 747 dont 2 211 directeurs d'école), singulières par une ethnographie intégrée au travail quotidien d'une directrice d'école et complémentaires à partir d'entretiens auprès de directeurs et directrices d'école (N=15) comme auprès de la hiérarchie proche (Inspecteurs, N=5) et décisionnelle, allant jusqu'au cabinet ministériel. Épistémologiquement et méthodologiquement, cette thèse assume la complémentarité de méthodes quantitatives et qualitatives (Troisième partie). Ce travail montre la tension, dans le temps d'un changement de référentiel, entre la liberté pédagogique et l'individualisme qui en découle et un appel au travail « collectif » selon les formes du "New public management". Il montre aussi les hésitations entre ce modèle de « l'autonomie » et du local et un modèle centralisé pyramidal. Il examine le paradoxe d'une direction d'école non hiérarchique, dépourvue de statut et la psychologisation des relations qui en découle. Nous examinons tant le point de vue des directeurs, que celui des enseignants quant à la question particulièrement importante analytiquement du statut des premiers qui clivent les fonctions. L'examen d'un important corpus qualitatif en montre les raisons et les conséquences (quatrième partie). Une ethnographie intégrée et des entretiens de directeurs (cinquième partie) mettent à jour de manière plus précise l'ensemble des enjeux et conflits de pouvoir dans une équipe spécifique; l'occupation des lieux, l'usage de l'argent de la coopérative scolaire, les relations avec les parents et le périscolaire par exemple, complète le portrait du directeur en « marginal sécant ». Des entretiens avec la hiérarchie parachève la situation des directeurs d'école (Sixième partie). Le directeur est sans doute un « marginal sécant », mais son pouvoir » est limité, parfois contesté. Assigné au « sale boulot » du maintien de l'ordre, il est au centre de jeux et d'enjeux d'alliances complexes dans et hors de son école. Il est finalement examiné à quelles conditions il peut être ou devenir un « acteur ingénieux » capable d'entraîner une équipe au-delà de son seul charisme.