Au nom de la biodiversité : de la construction d’une norme internationale à son application au niveau local
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
This thesis, mobilizing Foucauldian theories of governmentality and a political ecology approach, wanted to trace the various itineraries of biodiversity conservation discourses and to elucidate their role in the greening of public policies at different scales and in different contexts. The multi-scale analysis has provided a valuable key to understanding how this ideology has specific spatial and today is hardly politically articulated by ecological governance systems that extend at different scales, from global to local. First we study the history of biodiversity from its origins among preservationists and managers in North America. Then we analyze the texts of international environmental conventions concerning nature. Next we followed the conceptual and textual making of a biodiversity management policy resulting from the Convention on Biological Diversity: the ecosystem approach. We then confronted the overall analysis of the international discourse on biodiversity to its application in the field at two specific places: the Natural Regional of Luberon in France and the duo Território Portal da Amazônia / Biological Corridor of South Amazonian eco-tones in Brazil. Following our results, the governance of biodiversity appears as a complex process of interaction between the international system and local contexts. The study of the genesis of the international system (normative) to govern the living proved to be an appropriate system to validate the concept of governmentality as a concept for studying biodiversity management systems. The study of the implementation at the local level of those global normative frameworks showed that their introduction transforms the relationship between men with their environment, leading them to think and act in new ways. Family farmers become spokespersons of Nature, fazendeiros become conservationists, and conservationists began, through agroecology, to invest in agriculture. However, the link between the integration of biodiversity at international level and its application in local contexts is not direct. International norms do not percolate directly at “lower” scalar levels by transforming the legislative frameworks. Each scalar level, each territory maintains its own logic. Territories are moderately transformed, when they incorporate through action and into local actors’ ideas, the principles of biodiversity management.
Abstract FR:
Cette thèse, en mobilisant les théories foucaldiennes de la gouvernementalité et une approche political ecology, a voulu retracer les différents itinéraires des discours de conservation de la biodiversité et élucider leur rôle dans le processus d’écologisation des politiques publiques à différentes échelles et dans différents contextes. L’analyse multi-scalaire a fourni une précieuse clé pour comprendre comment cette idéologie spécifique s’est spatialisée et est aujourd’hui difficilement articulée politiquement par des systèmes de gouvernance écologique qui s’étendent à différentes échelles, du global au local. Ainsi nous avons commencé par étudier l’histoire de la biodiversité dès ses origines dans les milieux gestionnaires et préservationnistes nord-américains. Ensuite nous analysons les textes des conventions internationales qui touchent la nature, pour finir par nous intéresser de plus près à l’élaboration conceptuelle et textuelle d’une politique de gestion de la biodiversité issue de la Convention sur la diversité biologique : l’approche par écosystème. Nous avons par la suite confronté cette analyse globale du discours sur la biodiversité à son application sur le terrain au niveau de deux dispositifs concrets : le Parc Naturel Régional du Lubéron en France et l’ensemble Território Portal da Amazônia/Corridor biologique des écotones sud-amazoniens au Brésil. Au terme de cette thèse, la gouvernance de la biodiversité apparaît bien comme un processus complexe, une interaction entre un système international et des contextes locaux. L’étude de la genèse du système international (cadre normatif) pour gouverner le vivant s’est révélée être un système pertinent pour valider la notion de dispositif de gouvernementalité comme concept d’étude de la gestion de la biodiversité. L’examen de la mise en action locale de ces cadres normatif globaux a permis de montrer que la mise en place de ce dispositif transforme les relations que les hommes établissent avec leur environnement : cela les mène à penser et à agir de façon nouvelle. Des agriculteurs familiaux deviennent les champions de la Nature, des fazendeiros deviennent écologistes, des conservationnistes commencent, par le truchement de l’agroécologie, à s’investir dans le domaine agricole. Cependant, le lien entre l’intégration de la biodiversité au niveau international et sa déclinaison dans des contextes locaux n’est pas direct, les normes internationales ne percolent pas directement aux niveaux scalaires « inférieurs » en transformant les cadres législatifs. Chaque niveau scalaire, chaque territoire, conserve en effet sa logique propre. Les territoires sont modérément transformés quand ils incorporent, dans les dispositifs d’action et dans les mentalités des acteurs, des principes de gestion de la biodiversité.