Résister, s'adapter ou disparaître? : les paysanneries face aux mutations agricoles et foncières : une analyse à partir des provinces du Ziro et de la Sissili au sud du Burkina Faso
Institution:
Paris 1Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The Nuna county, the current provinces of Ziro and Sissili, is one of the dynamic agricultural pioneering fronts in Burkina Faso. In fact, since particularly the 70s marked by a harsh drought crisis experienced by the country, a major migratory movement engaged by Mossi and Fulani people from the northern regions of Burkina Faso, was triggered towards the lands of this southern region. This migration which has continued until today is an important fact impacting local soci-economical relationships, in a differenciation process. Peasantry that was relatively homogenous in terms of domestic agriculture is now engaged in a accelerated restructuring logic in terms of agro-sylvo-pastoral production. Agricultural and land management practices have been experiencing deep changes : agriculture is increasingly integrated in the national and international market, and one of the implications of this development is the commodification of land ; which is at the same time, a break with the customoray order in terms of local land management. The link with the market determines not only the types of agricultural speculations to produce, but it henceforth, positions farmers differently in the rural society of the Nuna county. This restrcuring-decomposition dynamic of peasantry is emphasized by the implementation of an agro-buniss or agricultural entrepreneurship policy by urban elites, equipped ; to that effect, with more material and financial resources than the local farmers. Local traditional relationships to productive resources, including land, have become capitalist type power relationship. In such an exacerbated competitive environment between different stakeholders and agricultural entrepreneurs of urban origin, the future development trajectorries of farmer categories are a complex issue to analyze and they have been testing public agricultural policies of Burkina Faso.
Abstract FR:
Le pays Nuna, les actuelles provinces du Ziro et de la Sissili, est un des fronts pionniers agricoles dynamiques au Burkina Faso. En effet, depuis particulièrement la décennie 1970 marquées par une dure crise de sécheresse qu’a connue le pays, un mouvement migratoire important mis en œuvre par les Mossis et les Peuls originaires des régions septentrionales du Burkina a été déclenché en direction des terroirs de cette région située au sud. Cette migration qui s’est maintenue jusqu’à aujourd’hui est un fait important qui marque les rapports socio-économiques locaux, engagés dans un processus de différenciation. La paysannerie qui était relativement homogène dans le cadre de l’agriculture domestique, est désormais engagée dans une logique de restructuration accélérée symbolisée par l’apparition de catégories d’agriculteurs différenciées et inégales au plan de la production agro-sylvo-pastorale. Les pratiques agricoles et foncières connaissent des mutations profondes : l’agriculture est de plus en plus intégrée au marché national et international et l’une des implications de cette évolution est la marchandisation du foncier, ce qui constitue, en même temps, une rupture avec l’ordre coutumier en matière de gestion foncière locale. La liaison avec le marché détermine non seulement les types de spéculations à produire mais positionne, dorénavant, différemment les agriculteurs dans la société rurale en pays Nuna. Cette dynamique de décomposition-recomposition de la paysannerie est accentuée par la mise en œuvre d’une politique d’agrobusiness ou d’entreprenariat agricole au profit des élites urbaines dotées, pour ce faire, de bien plus de moyens matériels et financiers que les agriculteurs locaux. Les rapports traditionnels locaux aux ressources productives, notamment le foncier, sont devenus des rapports de pouvoir de type capitaliste. Dans un tel environnement de compétitions exacerbées entre les différents acteurs, agriculteurs locaux différenciés et entrepreneurs agricoles d’origine urbaine, les trajectoires d’évolution future des catégories paysannes constituent une question complexe à analyser et mettent à rude épreuve les politiques publiques agricoles de l’Etat burkinabé.