La réhabilitation des quartiers précoloniaux dans les villes d'Asie Centrale : étude de cas de Tachkent et de Boukhara (Ouzbékistan)
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
In Uzbekistan, in Tashkent and Bukhara, the pre-colonial neighborhoods or Eski Chahar (“old town” in Uzbek) are modified, rehabilitated. Rehabilitation is a complex process, which aims at giving value to the built heritage. It is based on some values, at times complementary or contradictory, dictated by the Government, then accepted or rejected by the private parties. What are the values lauded by the Uzbek public sector, by the inhabitants and the international organisations ? How do these different parties interact ? How are their rehabilitation projects deployed ? Thanks to the crosschecking of rare existing documents and thanks to the creation of new references (field observation, interviews, enquiry, and cartography), it is possible to establish that Eski Chahar are the palimpsests of a disarticulated power relationship. The public parties impose a rehabilitated city following ideological or economic values. The inhabitants look for comfort, modernity, foreign currency and social prestige. Only few people and international organisations try to take into account the historic value of the built heritage, but their political, technical and financial methods are not enough. Eski Chahar is then a confrontation ground for many logics and for atomised agents, in a city where rehabilitations show their limits : the dysfunctions persist and the historical value of the pre-colonial neighborhoods is only considered as secondary by powerless agents.
Abstract FR:
En Ouzbékistan, à Tachkent et Boukhara, les quartiers précoloniaux ou Eski Chahar (« vieille ville » en ouzbek), sont transformés, remaniés, réhabilités. La réhabilitation est un système complexe qui vise à valoriser l’héritage bâti. Elle repose sur un ensemble de valeurs parfois complémentaires, parfois contradictoires, dictées par l’Etat puis acceptées ou rejetées par les acteurs privés. Quelles sont les valeurs prônées par les pouvoirs publics ouzbékistanais, par les habitants et les organisations internationales ? Comment ces différents acteurs interagissent-ils ? Comment leurs projets de réhabilitation s’articulent-ils ? Grâce au recoupement des rares documents écrits existants et grâce à la création de nouvelles sources (observation sur le terrain, entretiens, enquêtes, cartographie), nous pouvons dire que les Eski Chahar sont les palimpsestes de rapports de pouvoirs désarticulés. Les acteurs publics imposent une ville réhabilitée selon des critères idéologiques parfois teintés d’utilité économique. Les habitants cherchent le confort, la modernité, les devises étrangères et le prestige social. Seuls quelques individus et organisations internationales tentent de prendre en compte la valeur historique de l’héritage bâti. Mais leurs moyens politiques, techniques et financiers ne suffisent pas. Eski Chahar est alors le lieu de confrontation de logiques multiples et d’acteurs atomisés dans une ville où les réhabilitations montrent leurs limites : les dysfonctionnements persistent et la valeur historique du quartier précolonial n’est prise en compte que très secondairement par des acteurs impuissants.