Territoires coutumiers et projets de développement en Mélanésie du Sud : (Iles Loyauté, Vanuatu, Fidji)
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Custom Lands are supposed to bring about the development policies' failure in Melanesia. The link between the Melanesians and their custom territory defines their social identity. Its cosmological basis builds a dualistic representation of the territory thus imagined by the social group as the complementarity of the specific combination of its " root places " and its social-political networks. This ontological and dualistic representation shapes the terrritory's concrete organization : the lineage's localities are strategically laid out and occupied so as to put down roots and give its cohesion, while networks of social relationships spead out in original and complex local and geopolitical configurations, particularly sensible in villages. Yet, the custom territories are experiencing deep changes due to the emergence of new territorial scales, the demographic pressure and the evolution of the agricultural practices, sparking off deep land tenure crises. However, these said land tenure conflicts often hide more political conflicts, in terms of territory rather than space. The land reforms and surveys then face political and territorial stakes and can be instrumentalized by the local protagonists. The history of the Melanesians' integration in a monetary economy system and the modelization of the modern and dependant insular economies relativize the failure of the development policies, and show that the customary actors are politically involved in the development processes, which they aim to adapt according to their dualistic customary representation of their territories.
Abstract FR:
L'articulation difficile entre le caractère coutumier des terres mélanésiennes et les politiques de développement est souvent décrite comme la cause de leur échec. La territorialité mélanésienne détermine l'identité des groupes sociaux dans une quête ontologique d'immanence et de transcendance. Ses fondements cosmologiques créent en effet une représentation dualiste du territoire : combinaison unique des lieux d'enracinement du groupe et réseaux socio-politiques. Cette représentation s'exprime dans l'organisation concrète duelle du territoire : les lieux-dits du terroir sont occupés et aménagés pour enraciner le groupe et fonder sa cohésion tandis que les réseaux socio-politiques se déploient pour former des configurations géopolitiques originales et complexes très sensibles dans les villages. Les territoires coutumiers sont en mutations profondes avec l'émergence de nouvelles échelles territoriales, la pression démographique et l'évolution des systèmes agraires, entraînant de graves crises foncières qui cachent pourtant des conflits plus territoriaux que spatiaux. Les politiques foncières idéologiques qui y répondent par des cadastres coutumiers butent sur leur légitimité et sur un risque d'instrumentalisation. L'histoire de l'insertion économique des Mélanésiens et la modélisation des économies insulaires dépendantes relativisent alors l'échec des politiques de développement, et l'étude de différents projets révèle que les acteurs locaux font du développement une arène politique et territoriale : refuser cette dimension aboutit à des pratiques absurdes que l'idéologie dualiste coutumière adaptée au contexte actuel et institutionnalisée semble pouvoir éviter.