Abstract FR:

Le littoral nord du Sénégal est longé par une succession de dunes de nature et de dimensions variables délimitant des dépressions dans lesquelles le battement subsuperficiel de la nappe phréatique a favorisé le développement de l'activité maraichère. Les Niayes sont ainsi devenues le réservoir sénégalais de produits maraichers. Cependant, cette vocation est de plus en plus compromise par la sahélisation qui a installé dans cet espace une crise multidimensionnelle. Dans la première partie des travaux, nous avons cherché à préciser l'ampleur de chacun des facteurs de crise : la remobilisation des dunes et les risques d'ensablement des cuvettes ; la baisse de la nappe phréatique qui entraine l'assèchement des cuvettes ; le caractère répulsif de la mer et du littoral ; l'impact de l'enclavement. Dans la deuxième partie, l'exploitation des données de l'enquête nous a permis de recueillir un ensemble d'indices à partir desquels nous avons pu mesurer les mutations socio-économiques. Elles doivent être comprises comme des réactions d'adaptation à la crise écologique : mutations dans la gestion de la terre et de l'eau ; évolution de la production et de la commercialisation maraichères ; mutations dans la structure du troupeau, dans les conditions d'alimentation et de déstockage. L'analyse des données a montré, par ailleurs, qu'en raison de l'étirement en latitude, les Niayes du nord se sont morcelées en deux entités qui réagissent et évoluent différemment face à la crise. La région sud, structurée autour de Mboro, souffre plus de l'emprise urbaine qui spolie progressivement les maraichers et agresse le paysage. La mer dont l'exploitation des ressources pourrait être une alternative à l'économie maraichère, est ignorée par des populations peu enclins à affronter sa répulsivité. Quant à la région nord, en dépit des contraintes, c'est un espace plus équilibré : le maraichage, dominant sans être hégémonique, partage l'espace avec un élevage rémunérateur et une pêche balbutiante.