Abstract FR:

Cette thèse se situe dans le prolongement des travaux sur la suppléance familiale, menés par P. Durning. A partir d'une étude menée en 1995 dans trois pouponnières à caractère social, la thèse propose une élaboration du concept de coopération. La problématique centrale est celle du rapport entre les agents d'un dispositif contraignant et les usagers : comment évolue ce rapport dans un système à la fois éducatif et assistanciel, construit dans une logique tutélaire et soumis à une influence de la logique de contractualisation ? Qu'en est-il du discours et des pratiques à l’œuvre de la part des agents ? Quelles sont les stratégies parentales ? La première partie de la thèse (6 chapitres) pose le cadre théorique et ses enjeux. La seconde (5 chapitres) le contextualise en prenant pour exemple la suppléance précoce. La troisième l'illustre par les résultats de l’étude (10 chapitres), portant sur la situation de 35 très jeunes enfants placés (8/10 sur décision judiciaire). L'auteur propose une modélisation, dénommée << relation de suppléance >> et ses trois catégories d'acteurs : les parents instance éducative suppléée ; les professionnels instance éducative suppléante ; les enfants résidents cibles d'une double intervention éducative. La relation est caractérisée par le transfert des taches éducatives d'une instance à l'autre et une forte asymétrie contrainte : les deux instances sont liées dans le registre de l'assistance et d'une désignation sociale. Les rapports entre acteurs sont dénommés : parentalité (de parent à enfant) ; suppléance (de professionnel à enfant) ; coopération (de parent à professionnel). En référence aux travaux d’Élias, la coopération est une interdépendance dont il s'agit d’étudier les formes, en fonction des positions occupées par chaque catégorie d'acteurs, de la légitimité qu'ils reconnaissent à l'autre instance et à la mise en œuvre d'une coproduction. L’étude de textes produits par les professionnels des pouponnières permet de suivre sur un siècle une évolution qui les conduit à donner leurs positions à propos d'une suppléance à assurer, d'une parentalité à considérer, d'une coopération à admettre. Les résultats permettent de s’intéresser à la normalisation de la parentalité par l'intervention supplétive, aux points de vue parentaux sur cette expérience, aux effets sur les trajectoires.