Abstract FR:

Face à la crise identitaire qui secoue le monde occidental, quelles représentations les instituteurs se font-ils de leur rôle en matière d'éducation morale et civique ? Incertains des normes à transmettre devant l'effondrement des repères traditionnels, se seraient-ils replies sur une conception instrumentale et relativiste de l'école ou bien continueraient-ils à promouvoir des valeurs humanistes consensuelles ? Déjà, ils estiment qu'ils ne sont pas la seulement pour instruire les élevés qui leur sont confiés mais aussi pour les éduquer. Une valeur fondamentale apparait : le respect de la personne humaine, valeur autour de laquelle s'agrègent autonomie, justice et solidarité et qui s'inscrit dans un projet visant explicitement la formation du citoyen. Cependant, puisque la dignité de la personne humaine constituait déjà la pierre angulaire de la morale de la IIIe république, les instituteurs n'en seraient-ils pas restes à la conception qui était celle de leurs ainés ? Il semble que ce ne soit pas le cas. En effet, libéralisation de la discipline et transformation des méthodes pédagogiques montrent que les enseignants s'ouvrent progressivement à l'éducation nouvelle. Quant aux pratiques interculturelles décrites, elles insistent sur l'émergence de l'humanité en chacun et sur la nécessite de la laïcité de l'école comme le manifeste le refus massif du foulard islamique qui s'explique aussi parce qu'il constituerait en lui-même un symbole de la négation des droits de la femme. Notons cependant que par-delà des prises de position théoriques fermes, la moitié des enseignants de l'échantillon déclarent qu'ils finiraient malgré tout par accueillir l'enfant afin de l'amener à se dévoiler. Ainsi, les pratiques pédagogiques de la majorité des enseignants attestent de la présence de valeurs humanistes au sein de l'école, lesquelles semblent évoluer vers un universalisme de rencontre.