thesis

Ecritures du travail et savoirs paysans, aperçu historique et lecture de pratiques : les agendas des agriculteurs

Defense date:

Jan. 1, 1997

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Institution:

Paris 10

Disciplines:

Authors:

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Abstract EN:

Many farmers keep diaries in which they record their work from day to day. We have worked on the hypothesis that these ordinary written records, which are largely ignored, form part of a knowledge-based project; that these writing practices are rooted in the past. This research work aims to examine the links between writing and practical knowledge, considering that social logic, family history and individual career paths all have their part in making up the fabric of it. In the first part (models of writing and model peasants), we present the results of a historical study, tracing the conditions under which writing practices were disseminated among the peasantry between the 19th and 20th centuries. We have examined the place ascribed to writing in rural primary schools (from 1848 to 1960), in agricultural vocational training systems (from 1848 to 1945) and in the agricultural extension service (1879 to 1966). This work underlines the logic of the written farm record and the way in which it contributes to the redefinition of a farmer's know-how. In the second part (accounts of work and recollections of life), eight monographs give us portraits of "writers": farmers from the haute sa6ne area who kindly agreed to give us access to their collections of diaries. The contents of the written entries and the comments of those who wrote them have thrown light on the origin of writing practices, on the reasoning exercised in view of the work records and the role of domestic events or of personal factors mentioned in the diaries. The ethnographical study is followed by a transversal analysis which has allowed us to point out the logic in the writing which is common to the farmers. It highlights the complexity of the meaning covered in the act of writing, which focuses on the special relationship between writer and knowledge and between writer and the passage of time. It also shows that the practice of writing is discriminatory in that it puts the farmer into a class which is out of the ordinary.

Abstract FR:

Nombre d'agriculteurs tiennent des agendas dans lesquels ils consignent journellement les faits du travail. Nous avons fait l'hypothèse que ces écrits ordinaires, largement ignores, s'inscrivent dans un projet de savoir. Que les pratiques de l'écrit en milieu paysan s'enracinent dans le passe. Cette recherche a pour but de dénouer les liens entre l'écriture et les savoirs de la pratique, en considérant que des logiques sociales, des problématiques familiales et des trajectoires individuelles ont contribué à les tisser. Dans une première partie (modèles d'écriture et paysans modèles), nous présentons les résultats d'une étude historique, retraçant les conditions dans lesquelles les pratiques scripturales se sont diffusées au sein de la paysannerie, entre le 19eme et le 20eme siècle. Nous y examinons la place assignée à l'écriture au sein de l'école primaire rurale (de 1850 à 1960), de l'appareil de formation professionnelle agricole (de 1848 à 1945) et du dispositif de vulgarisation agricole (1879 à 1966). L'expose fait ressortir les logiques dans lesquelles s'inscrivent les écrits du travail et la façon dont ils participent à la redéfinition des savoir-faire de l'agriculteur. En seconde partie (récits du travail et chroniques de vie), huit monographies font le portrait d'écrivant, agriculteurs en Haute-Saône, qui ont accepté de nous confier leur collection d'agendas. Les contenus de l'écriture et les commentaires des scripteurs permettent d'éclairer l'origine des pratiques d'écriture, d'appréhender les raisonnements opérés à partir de ces mémoires du travail et le rôle des évènements familiaux et personnels figurant dans les agendas. A la suite de l'étude ethnographique, une analyse transversale permet de dégager les logiques d'écriture communes aux agriculteurs. Elle conduit à souligner la complexité des significations recouvertes par l'acte d'écrire, lequel particularise des rapports au savoir et des rapports au temps. Elle montre également que la pratique d'écriture est classant, dans la mesure où elle extrait l'agriculteur du commun.