Abstract FR:

Comment expliquer le choix de l'enseignement catholique dans la voie de relégation scolaire que représente l'enseignement professionnel. Le recours et l'élitisme traditionnellement évoqués semblent ici insuffisants. Faut-il chercher les raisons de ce choix du côté des structures, en particulier de l'offre de formation, ou des individus ? Se poser des questions, c'est déjà supposer que les familles et les élèves qui font le choix de l'enseignement professionnel catholique ont leurs raisons et qu'ils n'ont pas forcément tort. C'est dans le cadre de la sociologie compréhensive et de l'individualisme méthodologique que nous avons choisi de mener notre investigation auprès des acteurs concernés, en l'occurence les élèves de deux établissements professionnels privés lillois. La méthode d'analyse structurale des entretiens biographiques mis au point par Dubar et Demazière nous a permis de dégager une typologie empirique. Nous avons distingué trois catégories d'élèves à partir de leur vécu subjectif : les résignés, les résolus et les rescapés. Si les premiers restent fortement marqués par le sentiment d'échec et subissent davantage l'orientation en LP, les seconds l'assument sans état d'âme et parfois la revendiquent, et les troisièmes y trouvent sinon une promotion du moins une solution à l'exclusion scolaire. Les uns conçoivent l'orientation comme une pure sélection et adhèrent à la méritocratie scolaire, les autres en font une affaire personnelle et placent la dignité sociale au dessus de la dignité scolaire. Cela les amène à adopter des stratégies d'adaptation ou d'émancipation et conditionne la manière de choisir le secteur