Abstract FR:

Les terrasses de culture des régions du nord-ouest du bassin méditerranéen sont l'objet d'un regain d'intérêt, alors même que la plupart d'entre elles sont aujourd'hui abandonnées et sont envahies par la friche. Pour mieux juger de cette évolution nouvelle, il importe d'examiner la réalité des terroirs de terrasses, bien plus riche et complexe qu'elle ne paraît de prime abord, que ce soit dans ses aspects formels, fonctionnels, techniques, spatiaux, économiques ou sociaux. L'essentiel de la réflexion s'appuiera sur des informations recueillies dans cinq secteurs de France et d'Italie : la côte vermeille et le Conflent dans le département des Pyrénées-orientales, la haute vallée de l'Hérault dans le département du Gard, la riviera du bas Ponant et les Cinque Terre en Ligurie. Contrairement à l'image d'immobilisme qu'ils nous renvoient, les terroirs de terrasses n'ont pas cessé de se transformer au cours des siècles. Certains d'entre eux sont d'ailleurs beaucoup plus récents qu'on ne l'imagine, comme le célèbre vignoble de Banyuls, qui n'était que très peu étendu au début du siècle dernier. On découvre ainsi une réalité mouvante, faite d'expansions et de régressions, de crises et d'adaptations, qui conduit a s'interroger sur l'existence d'une temporalité propre à ces terroirs. La représentation encore dominante des terrasses, faite d'inertie et d'archaïsme, ne s'est elle-même constituée qu'a la fin du XIXe siècle. Elle est d'ailleurs en train de se transformer. La mise en perspective historique de ces terroirs permettra de mieux cerner les enjeux et les risques liés a l'actuel phénomène de renouveau, lequel comporte deux facettes, l'une matérielle et l'autre symbolique. S'agit-il d'un avatar de plus dans une histoire fertile en rebondissements ? Il semble pourtant que l'on assiste, depuis le début des années 1990, à un tournant dans l'histoire des terrasses méditerranéennes, faisant d'elles non plus un terroir, une terre de culture, mais avant tout et quelquefois même seulement, un grandiose paysage.