Abstract FR:

L'union de Birmanie, le plus étendu des pays d’Indochine et le seul qui soit vraiment indo-chinois, est depuis près de deux millénaires un pays bouddhique de tradition theravada. Cette conviction religieuse a engendre un patrimoine architectural original et d'une richesse inégalée, qui fait de la Birmanie : le pays des pagodes et des monastères. Le milieu birman est caractérisé par une intense bouddhisation des paysages naturels et humanises, des mentalités collectives et des comportements sociaux. L'omniprésence du bouddhisme est si puissante que les birmans eux-mêmes considèrent leur pays comme la terre des gardiens de la loi, où les espaces sacré et profane sont indissociables. Les activités religieuses conduisent à la mobilisation permanente des fidèles, des militaires, des pagodes et des associations pour organiser des cérémonies destinées à collecter des fonds en faveur des pondgyi et de la religion. Religieux et militaires sont associés pour contrôler la pensée et la vie quotidienne des habitants du pays. Les religieux sont légitimes comme gardiens traditionnels de l'ordre moral, les militaires s'imposent comme garants du maintien de l'ordre et les fidèles obéissent en principe aux ordres des uns et des autres. Au plan économique la combinaison de ces entreprises génère une masse monétaire qui est accaparée par des secteurs spécifiques dont elle assure la prospérité, mais dont l'ensemble de la société ne profite pas. Des investissements considérables, sont transférés en permanence dans des secteurs non générateurs de richesses nationales. Au final, sur 50 millions d'habitants en 1993, une frange privilégiée (455. 000 religieux - un pour 73 fidèles - et 450. 000 militaires) vit grâce à l'obligation de dana et au travail du reste de la population. Le bouddhisme, tel qu'il est pratique aujourd'hui dans ce pays qu'il a modelé, participe ainsi au maintien du sous-développement économique de l'union.