Abstract FR:

Dans un contexte géographique précis, celui de Niort, une analyse des éducations initiale et permanente a été entreprise à partir d'entretiens et d'une enquête. Cette recherche se propose de montrer l'existence, entre ces deux sous-ensembles du système éducatif, de relations de discontinuité et de reproduction que l'idéologie dominante tend à dénier. L'approche institutionnelle, à laquelle est consacrée la première partie, met en évidence le fait que les éducations initiale et permanente ont des fonctionnements autonomes. Pourtant, leur vocation à répondre aux besoins émanant d'un même environnement socio-économique les conduit à avoir des finalités comparables. Qu'une certaine discontinuité n'empêche aucunement la reproduction, éducateurs et éduqués en témoignent dans une seconde partie. Quelles que soient les différences constatées en termes de statuts, les relations s'établissant entre enseignants et élèves d'une part, animateurs et stagiaires d'autre part, reposent sur des rapports au savoir et au pouvoir de même nature. La comparaison effectuée dans la troisième partie concerne cette fois l'activité pédagogique. De l'absence de liens institutionnels entre les éducations initiale et permanente découle l'impossibilité presque générale d'établir une continuité des apprentissages. Ainsi, loin d'instaurer une pratique originale, l'éducation permanente reproduit le plus souvent l'expérience scolaire, sans d'ailleurs en avoir l'efficacité. Pour mesurer le rôle actuel de l'éducation permanente il importe donc d'envisager sa fonction idéologique qui est de contribuer à rénover l'image du système éducatif tout en masquant son propre caractère illusoire. Les relations de discontinuité et de reproduction n'engendrent que la scolarisation perpétuelle. Une véritable éducation permanente résulte nécessairement d'une organisation institutionnelle et pédagogique de la continuité des apprentissages. Pour une société structurée en classes, pareil projet demeure fondamentalement révolutionnaire.