Abstract FR:

Enseignant en classes élémentaires, je propose depuis quatre ans à des élèves de 8 à 11 ans une activité péri-éducative de discussion à visée philosophique. Je me propose de mettre en évidence les implications de cette expérience sur un plan pédagogique, faisant de la philosophie, avec Montaigne, "celle qui nous instruit à vivre", parce qu'elle ouvre le chantier d'un autre rapport au savoir. L'oeuvre de Wittgenstein inaugure une pratique nouvelle de la philosophie centrée sur l'éthique, elle vient innerver le dispositif que je mets en place et m'oriente dans la compréhension de la pensée des enfants. Les expériences menées en France depuis l'exemple de Matthew Lipman assument plus ou moins explicitement une fonction de régulation et d'évaluation du système éducatif par ses acteurs. Ma pratique s'inscrit d'autant plus résolument dans cette logique qu'elle réaffirme l'importance de la pédagogie, en la requalifiant. La pédagogie, que l'on peut redéfinir en la distinguant de la didactique comme de l'éducation, a pour fin l'évaluation (donc la valorisation) des compétences ou des savoirs. Le déploiement raisonné de problématiques philosophiques classiques comme celles de la justice ou du temps permet aux participants de faire évoluer leurs conceptions anthropologiques spontanées, ce qui est l'essentiel du projet wittgensteinien. Ce que je définirai comme leur "intelligence sensible" trouve, dans le dispositif d'écriture et d'échange qui s'institue progressivement, matière à composer des expériences de pensée, qui, en retour, déstabilisent nos réflexions d'adultes