Elèves et enseignant(e)s engagé(e)s dans une pratique volontaire des mathématiques : rapport au savoir et processus identitaires : étude clinique d'une innovation
Institution:
Paris 10Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
We propose, through the analysis of about twenty non directive interviews of pupils and teachers, to show in what the commitment in a mathematical voluntary practice, inside so called "mathematical groups", is a part of an identity process. The first part treats of social and historical questions. It allows to notice that the teaching of mathematics has always been confronted to a double challenge : the elite training and the democratization of science, in which the groups take place. The second part is based on sociology, didactic, psychoanalysis and "sociopsychoanalysis". It demonstrates in what learning mathematics depends on the global construction of the personnality by showing that learning requires an ego ideal strong enough to resist the super ago elements, such as selectivity and definite difficulties. A dominating social origine, which reinforces the ego ideal, makes the access to knowledge easier. The study of pupils' interviews allows to understand how the groups let them free to "play" with mathematics without any danger by suppressing marks. Therefore, this way of working stimulates an ego idal reinforcement, but doesn't create it, because you need a minimal level of self-confidence to commit yourself into a group. As for teachers, we can notice that some of them consider the group as a mythical and totally satisfying world. It helps to reestablish the professionel narcissism, but may prevent them from asking themselves questions and from listening to the pupils. In the end, this work makes general educational elements appear : on one side, mathematical superego position, especially for pupils coming from popular classes who don't have any place to elaborate a real thought, and on the other side, the fondamental teachers' anxiety to lose their pupils' love.
Abstract FR:
On se propose, via l'analyse d'une vingtaine d'entretiens non-directifs d'eleves et d'enseignant(e)s, de montrer en quoi l'engagement dans une pratique volontaire des mathematiques, dans le cadre d'"ateliers mathematiques", s'inscrit dans un processus plus general de construction identitaire. La premiere partie, socio-historique, rappelle que l'enseignement des mathematiques s'est toujours trouve confronte au double defi de la formation des elites et de la democratisation des sciences, democratisation dans laquelle s'inscrivent les ateliers, tandis que la deuxieme partie montre, en s'appuyant sur la didactique, la sociologie, la psychanalyse et la sociopsychanalyse, en quoi l'apprentissage des mathematiques prend place dans la construction globale de la personnalite : necessitant un ideal du moi suffisamment solide pour resister aux elements d'ordre surmoique (selectivite, difficultes particulieres, etc. ), l'acces au savoir est facilite par une origine sociale dominante qui favorise le renforcement de l'ideal du moi. . L'etude des entretiens d'eleves permet alors de comprendre comment les ateliers, en supprimant notation et evaluation, laissent les eleves libres de se confronter sans danger aux mathematiques et de "jouer" avec elles, constituant ainsi un point d'appui pour renforcer l'ideal du moi. Mais ils n'impulsent pas ce renforcement car il faut un niveau minimal de confiance pour s'engager dans un atelier. Quant aux enseignant(e)s, on peut voir comment, pour certain(e)s, l'atelier contribue a l'illusion d'un monde totalement comblant et reparateur. Un tel sentiment concourt a la restauration du narcissisme professionnel, mais risque d'empecher questionnement et ecoute des eleves, aboutissant a un resultat oppose a la dynamique emancipatrice souhaitee. Ainsi apparaissent des elements de la situation scolaire en general, tels la position surmoique (depassee pour les eleves de l'atelier) des mathematiques dans l'institution et la lourdeur de cette position, notamment pour les eleves d'origine modeste qui ne disposent par ailleurs d'aucun lieu pour elaborer une pensee veritable ; tandis que l'on voit comment l'angoisse fondamentale des enseignant(e)s se situe dans le risque de devoilement de la non-adhesion des eleves.