Savoirs locaux et outils modernes cynégétiques : développement de la filière commerciale de viande de brousse à Makokou (Gabon)
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Abstract EN:
The issue of wildlife in Central Africa has almost always been approached from the aspect of the negative impact of human activities. Hunting and the trading of bush meat are often seen as the main factors responsible for the decline of forest wild life. Studies funded by various sponsors (FAO, World Bank, European Union, International NGOs) tend to imply the negative impact of those practices on the biodiversity. The question that the authors are concerned about is always the impact of hunting on animal populations and the sustainability of these activities. In Central Africa this "Western vision" has led to the promotion of wildlife management policies that exclude local people from priority production zones that sometimes include traditional hunting areas. In this study we try to place the debate in a local context where the rural peoples are already marginalized by the Gabonese government and have to live their daily lives in precarious conditions. From this perspective the commercial exploitation of wildlife, which is one resource among many others, seems to be a promising solution. We have carried out a detailed study of the network of hunting and bush meat trading in Makokou, one of the Gabonese areas where wildlife is still omnipresent. The study focuses on the system of exploitation of the red river hog, one of the most important species for hunting and game trade in Makokou. It shows that over the course of time hunting has become a lucrative activity in Makokou, even though it is in the first place a traditional activity. In order to increase the profitability, hunters combine traditional knowledge with modern tools. Any conservation policy aimed at preventing this will be condemned to failure. It is therefore in the interest of the wildlife as well as the human populations to encourage the different actors to become involved in the sustainable exploitation of the resource including the breeding of the species.
Abstract FR:
La problématique de la faune sauvage en Afrique Centrale a presque toujours été abordée par l'aspect négatif de l'impact des activités humaines sur cette dernière. Souvent, la chasse et le commerce de viande de brousse sont tenus pour responsables du déclin de la faune sauvage forestière. Sous l'égide de Bailleurs de Fonds, (FAO, BM, UE, ONGs Internationales. . . ) plusieurs études tendent à mettre en évidence l'impact négatif de ces pratiques sur la biodiversité au point de l'ériger en phénomène de société. La question que se posent les auteurs est toujours celle de l'impact de la chasse sur les populations animales et la perdurabilité de cette activité. Cette vision occidentale a conduit à promouvoir en Afrique Centrale des politiques de gestion de la faune sauvage basées sur l'exclusion des populations des zones de production dont certaines englobent des terroirs coutumiers. Dans cette thèse, nous essayons de replacer ce débat dans un contexte local où les populations rurales, déjà marginalisées par le pouvoir en place au Gabon, doivent subsister au quotidien dans la précarité. L' exploitation commerciale de la faune sauvage, une ressource parmi tant d'autres, apparaît alors pour elles comme une solution d'avenir. Pour ce faire, nous avons examiné de près la filière chasse et particulièrement le commerce de la viande de brousse à Makokou, une des localités gabonaises aux alentours de laquelle la faune sauvage est encore omniprésente. L'étude a porté sur le suivi du Potamochère, une des espèces phares de la chasse et du commerce de gibier à Makokou. Il ressort de notre étude que la chasse à Makokou, même si elle est d'abord une réalité culturelle, est devenue au fil du temps une activité lucrative. Les chasseurs allient savoirs cynégétiques traditionnels et outils modernes pour rentabiliser au maximun leur activité. Face à cette réalité, toute politique de conservation qui viserait à contrer cette tendance serait vouée à l'échec d'où l'intérêt pour la faune sauvage comme pour les populations, d'accompagner les acteurs de la filière vers une exploitation pérenne de la ressource aussi bien qu'un élevage de celle-ci.