Abstract FR:

En replaçant l'histoire des théories économiques dans le domaine plus large de l'histoire des idées, cette recherche s'attache à repérer et à éclairer le fil d'une continuité intellectuelle et doctrinale du XVIIIe siècles à nos jours : dès lors que le principe d'utilité est posé comme critère suffisant de définition du domaine économique, celui-ci peut prétendre à une extension qui s'élargit à l'ensemble des comportements humains, marchands et non-marchands. Le précurseur est Bentham, relu ici sous cette lumière. L'héritage est ensuite en partie relayé par la tradition autrichienne puis, au début du XXe siècles, par Irving Fisher - dont la théorie économique, aussitôt qu'on la relie avec le credo eugéniste qui était le sien, prend des couleurs inédites - et s'épanouit dans le néo-utilitarisme américain des vingt dernières années;. élaborée par Théodore Schultz et Gary Becker, la théorie du capital humain définit ainsi les bases d'une "approche économique des comportements humains", fondant sa prétention hégémonique sur deux axes : une économie générale du temps humain et, dans une perspective toute benthamienne, une économie générale des interactions sociales, qui prend pour objet les sentiments d'amour, de haine ou d'envie qui peuvent apparaitre entre sujets rationnels. Replacé dans la longue durée, ce projet s'offre aujourd'hui à une analyse critique approfondie