Abstract FR:

La protection de la richesse biologique suscite à l'heure actuelle de nombreuses réflexions. On s'interroge sur la possibilité de maintenir la biodiversité tout en tenant compte des exigences économiques, sociales et culturelles. En effet la préservation des habitats des espèces menacées peut conduire à renoncer à certaines activités créatrices de richesse et d'emploi (exploitations forestières, infrastructures. . . ) ou à certains usages (randonnée, chasse. . . ). Le maintien, voire la réintroduction d'espèces menacées mobilise également des ressources financières qui pourraient s'employer ailleurs. Les réactions à la mise en place du réseau européen Natura 2000, conformément à la directive "Habitats", montrent que le coût d'opportunité est perçu comme non négligeable par nombre d'agents, qu'ils soient propriétaires privés ou collectivités locales. On s'interroge donc dans cette thèse sur le rôle implicite des considérations économiques et socioéconomiques dans le processus de protection des espèces menacées en France, celui-ci ne laissant que peu de place à l'évaluation des coûts et des bénéfices, contrairement à ce qui se pratique aux Etats-Unis. On dresse un nécessaire état des lieux institutionnel et empirique de la politique de protection des espèces menacées en France, dans lequel on présente une typologie des départements et on met en évidence les déterminants socioéconomiques de la probabilité de protection Natura 2000. On discute aussi des outils d'aide à la décision publique qui permettent de faire face aux problèmes d'incertitude et d'irréversibilité auxquels le choix de protection est soumis. On montre dans ce contexte que l'analyse coût-avantage doit être complétée par une approche en terme de seuil (approche du Safe Minimum Standard). On présente enfin les principes et méthodes d'évaluation des coûts d'opportunité de protection qui permettent d'appréhender le caractère aléatoire de la dynamique de population, des espèces.