Recherche de facteurs de risque psychologiques et comportementaux susceptibles de favoriser le développement d'une douleur chronique à l'issue d'une intervention chirurgicale : étude prospective
Institution:
Paris 6Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The predictive value of psychological factors postsurgical chronic pain has only been recently explored in prospective studies. Furthermore, studies have focused on single surgical, which does not allow to identify risk factors, independent of the surgical model. Moreover, it has been well established that chronic pain affects cognitive abilities, but no study has explored so far the predictive role of neuropsychological functioning in the occurrence and intensity of postoperative chronic pain. The objective of this work study prospectively and longitudinally (3, 6 and 12 months) the role of psychological and neuropsychological variables in the occurrence and intensity of postsurgical chronic pain in different surgical models (total knee arthroplasty and mastectomy). We first identifies the predictive value of state and trait anxiety, depression and one dimension of catastrophizing (pain amplification) in the occurrence and intensity of chronic pain 3 months. These surgical models differ by the presence or absence of preoperative pain. The combined results indicated that the presence of a 3 month-significative chronic pain (BPI intensity score ≥ 3/10) was predicted independently by age, acute postoperative pain intensity and state anxiety. Statistical analysis also indicated that one of the catastrophizing subscales, pain amplification, was a risk factor for chronic pain intensity, independently of surgical model. Thus, state anxiety and pain amplification could be psychological risk factors of postoperative chronic pain in all surgical models. A second study focused on the exploration of executive functions and memory in the development of chronic pain 6 and 12 months after surgery. Results indicated that the presence of postoperative was predicted by low cognitive performances on neurological tests assessing cognitive flexibility and memory, and this regardless of emotional and psychological variables. As in our first study, results are independent of the surgical model and the presence of preoperative pain. This second study suggested that cognitive flexibility and memory might be involved in the mechanisms of chronicity. These results provide new information on the predictive role of psychological and neuropsychological factors in the development of postoperative chronic pain.
Abstract FR:
L’exploration de la valeur prédictive des facteurs de risque psychologiques à l’origine de la survenue de douleurs chroniques post-opératoires (DCPO) n’a fait l’objet que très récemment d’études prospectives. Par ailleurs, les études ont souvent porté sur des modèles chirurgicaux uniques et/ou présentant des douleurs préopératoires, ne permettant donc pas d’identifier des facteurs de risque de douleurs psychologiques indépendants du modèle chirurgical et de la présence de douleur préopératoire. De plus, s’il a été bien établi que la douleur chronique altère les capacités cognitives, aucune étude n’a exploré, à ce jour, le rôle prédictif du fonctionnement neuropsychologique dans la survenue d’une DCPO. L’objectif de notre travail de thèse a porté sur l’étude de façon prospective et longitudinale (3, 6 et 12 mois) du rôle des facteurs de risque psychologiques et neurpsychologiques invariants dans la survenue d’une douleur chronique après intervention chirurgicale. Une première étude a permis d’identifier la valeur prédictive de l'anxiété, la dépression et du « catastrophisme » de la douleur chronique, 3 mois après une l'arthroplastie totale de genou (PTG) et une chirurgie du sein. Ces deux modèles chirurgicaux se distinguent notamment par la présence ou l’absence de douleurs préopératoires. Les résultats pour ces deux modèles de chirurgie confondues ont indiqué que la présence d’une DCPO cliniquement significative à trois mois (intensité de la douleur ≥ 3/10) a été prédite, de façon indépendante, par l'âge, l'intensité de la douleur aigue post-opératoire et de l'anxiété-état. Les analyses statistiques ont également montré que l'une des dimensions du « catastrophisme », à savoir, l’amplification de la douleur était un facteur de risque de l'intensité de la DCPO indépendants du modèle chirurgical. Ainsi, l'état-anxieux et l’amplification de la douleur pourraient constituer des facteurs de risque psychologiques de la DCPO dans tous les modèles chirurgicaux. Une seconde étude a porté sur l’exploration des fonctions exécutives et de la mémoire dans le développement d’une DCPO 6 et 12 mois après la chirurgie. Les résultats ont indiqué que la présence et l’intensité d'une DCPO clinique significative et la présence de symptômes neuropathiques à 6 et 12 mois ont été prédits par de faibles performances cognitives aux tests neuropsychologiques portant sur la flexibilité cognitive et la mémoire, et cela indépendamment des variables psychologiques affectives. De même que pour notre première étude, ces résultats sont indépendants du modèle chirurgical et de la présence de la douleur préopératoire. Aussi, la flexibilité cognitive et la mémoire peuvent être impliqués dans les mécanismes de chronicisation de la DCPO et de la douleur neuropathique. Des patients ayant un déficit des fonctions exécutives ou de la mémoire seraient donc plus à risque de chronicisation de la douleur après un événement douloureux. Ces premiers résultats apportent donc des informations nouvelles sur le rôle prédictif des facteurs psychologiques et neuropsychologiques qui participent aux mécanismes de chronicisation de la douleur.