thesis

Vulnérabilité psychométrique du traitement de l'information visuelle et des troubles attentionnels dans la schizophrénie

Defense date:

Jan. 1, 2006

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Institution:

Lille 2

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

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Abstract FR:

Quelles sont les causes de la schizophrénie ? Selon les modèles de « vulnérabilité à la schizophrénie » l'émergence d'un trouble schizophrénique résulterait d'une interaction complexe entre une vulnérabilité génétique et des facteurs environnementaux. Ainsi, les individus apparentés avec un schizophrène encourent un risque de développer la maladie plus élevé par rapport à la population générale. Il existe aussi un « risque psychométrique » présent chez les sujets qui ont des scores élevés aux échelles de schizotypie, y compris en l'absence de tout lien familial avec des malades schizophrènes (Lenzenweger, 1991). De nombreuses études ont été entreprises sur ces sujets à risque (SHR) pour identifier des « marqueurs » potentiels de la vulnérabilité. L'étude de ces indicateurs qui pourraient dépister efficacement les SHR devient fondamentale si on considère que les chances de guérison augmentent avec la précocité des soins (McGorry, 1998). Les troubles de l'attention visuelle constituent des marqueurs candidats parmi les plus prometteurs, principalement ceux qui impliquent le filtrage des informations (e. G. Continuous Performance Task (CPT) ; Span Of Apprehension task (SOA) ; masquage rétroactif). De tels déficits pourraient être causés par un dysfonctionnement de l'élaboration précoce (trajet retino-geniculo-strié) de l'information visuelle qui ensuite se propagerait au niveau supérieur du traitement (donc attentionnel aussi). L'élaboration de l'information est réalisée par deux systèmes visuels anatomiquement et fonctionnellement distincts dès la rétine, les systèmes Magnocellulaire (réponse rapide et phasique) et Parvocellulaire (réponse tonique). La rapidité de la réponse du système M est probablement à la base de certains mécanismes attentionnelles : sélection attentionnelle et filtrage de l'information (Vidyasagar, 1999) ; la capture attentionnelle (Steinman et al. , 1996 ; Patel et Sathian, 2000) et la catégorisation d'images présentées très rapidement (Delorme et al. , 2001). A présent, l'existence d'un dysfonctionnement spécifique du système M dans la schizophrénie semble de plus en plus s'affirmer dans la littérature (revue : Schwartz, 2001). Récemment, un dysfonctionnement M a été observé aussi chez les SHR (Bedwell et al. , 2003). Ainsi, si ces résultats sont confirmés, ce type de dysfonctionnement pourrait prochainement être considéré comme un « marqueur » de vulnérabilité. Les objectifs principaux de ce travail étaient : Tout d'abord, de préciser à quel niveau (précoce ou tardif) du traitement de l'information visuelle est présent un dysfonctionnement du SM dans la schizophrénie. Afin de vérifier la présence d'un dysfonctionnement précoce du SM nous avons réalisé une étude psychophysique (Pokorni et Smith 1997) de mesure des seuils du contraste de luminance (le traitement du contraste est réalisé par la portion sous-corticale du SM et en V1 ; Goodyear et al. , 1998). Ensuite, de mettre en relation certains des troubles attentionnels observés dans la schizophrénie avec le dysfonctionnement M. Pour cela nous avons réalisé une séries d'études sur la capture attentionnelle. Enfin, de rechercher la présence du même dysfonctionnement chez les sujets schizotypes (SHR). Les deux séries d'expériences étaient basées sur les différences physiologiques entre systèmes M et P. Résultats : Une sensitivité normale au contraste a été observée chez les schizophrènes. Compte tenu que le traitement du contraste est réalisé par la portion sous-corticale du SM et en V1, nous en avons conclu qu'il n'existe aucun dysfonctionnement à ce niveau. Nous avons observé une capture attentionnelle anormale uniquement lorsque le distracteur était un stimulus qui activait sélectivement le SM. Nous avons interprété ces résultats comme suit : le mécanisme de contrôle sur les informations provenant du traitement du système M est dysfonctionnant chez les patients schizophrènes alors que le contrôle sur les informations provenant du système P fonctionne. Néanmoins, avant de pouvoir conclure ainsi, il fallait exclure que une hyperactivation du système M participe à ces résultats provocant un effet de capture attentionnelle automatique plus intense et donc plus difficilement contrôlable. Nous avons testé cette possibilité en manipulant la difficulté de la tâche et, donc, la charge attentionnelle que le sujet mis en acte pour la réaliser. Les tâches à effectuer par les sujets étaient 3 : très simple, moyennement difficile et difficile. Les sujets sains présentaient un effet de capture attentionnelle dans la tâche simple et moyennement difficile. La tâche difficile ne laissait pas des ressources attentionnelles libres afin de traiter les distracteurs. Il était possible de s'attendre à deux types de résultats chez les schizophrènes : Les patients schizophrènes sont distractibles dans toutes les trois conditions. Malgré l'augmentation de la difficulté de la tâche et de la charge qui doit être utilisée dans la tâche centrale, les patients sont incapables de résister à la capture attentionnelle par le stimulus saillent en mouvement. Cela serait en faveur d'une sensibilité aux distracteurs augmentée dans la schizophrénie. Les schizophrènes sont distractibles uniquement dans la condition de tâche simple. La tâche moyennement difficile absorbe déjà toutes les ressources des patients. Cela serait en faveur d'un déficit du contrôle attentionnel dû à une diminution de ressources attentionnelles ou à l'incapacité de moduler ces ressources en fonction de la difficulté de la tâche dans la schizophrénie. Les résultats confirment la deuxième hypothèse. Ainsi, cette deuxième série d'expérience nous a confirmé que le trouble de filtrage de l'information est indépendant du SM. A niveau neuronal, ces résultats plaident pour l'hypothèse de plus en plus fréquente en littérature d'un dysfonctionnement du circuit frontoparietal dans la schizophrénie. Les sujets schizotypes présentaient les mêmes anomalies que les sujets schizophrènes aux tests de capture attentionnelle. Ainsi, le filtrage des informations traitées sélectivement par le système M est altéré autant chez les schizophrènes que chez les SHR. En conclusion, ces dysfonctionnements attentionnels ne semblent pas résulter de l'institutionnalisation ou du traitement pharmacologique des patients. La validation de ce test chez les apparentée de schizophrènes et ainsi la possibilité de l'utiliser comme marqueur pour le dépistage précoce de la schizophrénie font partie des perspectives de la présente thèse.