Dysfonctionnement immunitaire dans l'alexithymie : une approche psychoneuroimmunologique de l'alexithymie au travers d'une étude longitudinale
Institution:
Paris 6Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Alexithymia is a clinical entity defined by a set of cognitive-affective deficits characterized by an inaccuracy in identifying and describing emotions, limited fantasy life and a thought characterized by pragmatic content with a highly descriptive mode of expression. In other words, people with alexithymic features have difficulties in identifying and expressing emotional stress verbally. Alexithymia was initially considered to occur more frequently in individuals with so-called “psychosomatic disorders”. Some studies have found impaired immune system notably cell mediated immunity or found sympathetic hyperactivity or perturbation of glucocorticoïd secretion in subjects afflicted with alexithymia but very few studies have tried to have a psychoneuroimmunological approach integrating all these pathways (immune and neuroendocrine) when studying alexithymia. The purposes of this thesis were to investigate more deeply the immune system and to assess sympathetic activity and the serum levels of cortisol. We hypothesized that alexithymics would exhibit impaired cell immunity with decreased type 1 cytokines production associated with high levels of serum cortisol and increased sympathetic activity. During a longitudinal study, we have compared - between a group of alexithymic subjects and a group of non alexithymics - the lymphocytes subsets counts and the production of interleukin 1 (IL-1), interleukin 2 (IL-2), interleukin 4 (IL-4) and its soluble receptor (IL-4sR), and interleukin 10 (IL-10) by PHA stimulated PBMCs, cardiovascular response (heart rate and blood pressure) and serum levels of cortisol. We have included 51 women (age ranged between 18 and 27 years old) categorized by their scores on the 20-item Toronto Alexithymia scale (27 alexithymic women and 24 non alexithymic women). Within the women seen the first year (n=38) 26 of these women (13 alexithymics and 13 non alexithymics) were included one year later. Initially we observed significantly decreased production of Interleukin-1 (IL-1), IL-2 and IL-4 with significant reduced ratio of Th1/Th2 (IL-2/IL-10) and decreased ratio of CD4/CD8 and reduced percentage of CD4 and lymphocytes in the alexithymics. No between-group differences of serum cortisol levels were observed, but alexithymics showed higher blood pressure. One year later, IL-2 and IL-4 production, ratio of Th1/Th2 (IL-2/IL-10) and percentage of CD4 were still significantly decreased in the alexithymics associated with reduced CD4/CD8 ratio. Although anxiety was higher in the alexithymic group these results were still persistent when anxiety return at a normal level on HAD’s scale one year later. These results further suggest that alexithymic women could present an impaired immune response with a predominance of decreased Th1 immunity but not exclusively. This immune dysregulation might be linked to sympathetic over-reactivity. This could constitute a vulnerability factor for infectious disease and stress disorders in alexithymic subjects.
Abstract FR:
L’alexithymie est une entité clinique définie par un ensemble de déficits cognitifs et affectifs caractérisés par une incapacité à identifier et exprimer ses émotions, une limitation de la vie fantasmatique et une pensée à contenu pragmatique avec un mode très descriptif d’expression. En d’autres termes les sujets ayant des caractéristiques alexithymiques ont des difficultés à identifier et à exprimer le stress émotionnel par la verbalisation. L’alexithymie fut initialement considérée comme de survenue plus fréquente chez les sujets souffrants de maladies dites psychosomatiques. Certaines études ont retrouvé des anomalies du système immunitaire notamment de l’immunité à médiation cellulaire ou une hyperactivité du système sympathique ou une perturbation de la sécrétion des corticoïdes mais très peu ont essayé d’avoir une approche psychoneuroimmunologique en intégrant toutes ces voies (immunes et neuroendocrines) lors des investigations sur l’alexithymie. Les objectifs de cette thèse étaient d’explorer de manière plus approfondie le système immunitaire en tenant compte de l’activité du système sympathique et des taux sériques de cortisol. Nous avons émis l’hypothèse que les alexithymiques présenteraient une baisse de l’immunité à médiation cellulaire avec une chute de la sécrétion de cytokines de type 1 associée à une élévation des taux sériques de cortisol et une augmentation de l’activité du système sympathique. Lors d’une étude longitudinale, nous avons comparé - entre un groupe de sujets alexithymiques et un groupe de sujets non alexithymiques – les concentrations sériques des sous-populations lymphocytaires (CD4, CD8), la production de l’interleukine 1 (IL-1), de l’interleukine 2 (IL-2), de l’interleukine 4 (IL-4) et de son récepteur soluble (sIL-4R) et de l’interleukine 10 (IL-10) par les lymphocytes activés par PHA ainsi que la réponse cardiovasculaire (fréquence cardiaque et tension artérielle) et le taux sérique de cortisol. Cinquante et une femmes âgées de 18 à 27 ans ont été incluses (27 femmes alexithymiques et 24 non alexithymiques) en fonction de leur score à l’échelle de la Toronto Alexithymia Scale (TAS-20). Sur les femmes initialement vues la première année (n=38) 26 ont été incluses à un an Initialement nous avons constaté chez les alexithymiques une diminution significative de la production d’interleukine-1 (IL-1), d’IL-2, d’IL-4 produites par lymphocytes activés par Phytohemagglutinine A (PHA) ainsi que du ratio Th1/Th2 (IL-2/IL-10) avec une baisse du ratio de CD4/CD8 et du pourcentage de CD4 et de lymphocytes. Les alexithymiques présentaient une plus grande élévation de la pression artérielle sans modification du taux sérique de cortisol. Un an plus tard il y avait toujours une diminution significative chez les alexithymiques comparativement aux non alexithymiques de la production d’IL-2, d’IL-4 et du pourcentage de CD4 avec une tendance à la baisse du ratio CD4/CD8. Bien que l’anxiété était plus élevée initialement dans le groupe d’alexithymiques, les résultats persistaient à un an en dépit d’un retour à la normal du niveau d’anxiété à l’échelle HAD. Ces résultats suggèrent que les femmes alexithymiques pourraient présenter un système immunitaire affaibli avec une atteinte prédominante de la voie Th1 de l’immunité mais non exclusive. Cette dysrégulation immunitaire pourrait être liée à une hyperactivité du système sympathique. Il pourrait y avoir chez les alexithymiques un facteur de vulnérabilité aux maladies infectieuses et à celles liées au stress.