Mémoire, traumatisme et psychopathologie : étude de l'oubli dirigé chez des sujets souffrant d'état de stress post-traumatique et de trouble dépressif comparés à des témoins sains
Institution:
Lille 2Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
One of the clinical characteristics of the post-traumatic stress disorder (PTSD) is the reexperiencing symptoms, during which the patient experiences intrusion into consciousness of horrific autobiographical memories. The existence of a disturbance of the autobiographical memory is apparent; the subject seems to be fixed at the traumatic event and cannot consider the future. The autobiographical memory is organized in three levels from most general to most specific. To retrieve a memory, subjects need external indices and activation of these three levels; the activation of the memory can be automatic or intentional. However such a system requires the existence of control processes. To retrieve a memory it is necessary to inhibit others of them without what the memory would be saturated. These mechanisms were studied with the directed forgetting paradigm which consists of the presentation of items of which some have to be remembered and others to be forgotten. A preliminary study comparing the directed forgetting task in PTSD versus controls show us that PTSD presented an effect of directed forgetting decreased in comparison with controls (i. E. They had difficulties in inhibit the items "to forget"); in other words they presented a deficit of the inhibiting processes. However we are not being able to know if these processes failing (constituting a factor of vulnerability specific to the PTSD) or are exceeded by nature of traumatic information per se. So, we compared PTSD with depressed patients which we know that their autobiographical memory is disturbed. Results of the directed forgetting task was comparable with controls and better than PTSD. We discuss the psychopathological implications of these results directing us towards the idea of the existence of a disorder specific to the PTSD without being able to conclude if it is a factor of vulnerability or a consequence of the traumatic nature of information.
Abstract FR:
Une des particularités clinique de l'état de stress post-traumatique (PTSD) est le syndrome de répétition, au cours duquel le patient revit sans cesse la scène initiale du traumatisme. L'existence d'une perturbation de la mémoire autobiographique est au centre des manifestations psychopathologiques de ce syndrome : en effet, le sujet semble fixé à l'événement traumatique et ne peut envisager le futur. La mémoire autobiographique est organisée en trois niveaux du plus général au plus spécifique. Pour retrouver un souvenir, il faut des indices extérieurs et activer ces trois niveaux ; l'activation de la mémoire se faisant de façon automatique ou intentionnelle. Cependant un tel système impose l'existence de processus de contrôle. Pour retrouver un souvenir il faut en inhiber d'autres sans quoi la mémoire serait saturée. Ces mécanismes ont été étudiés au moyen du paradigme de l'oubli dirigé qui consiste en la présentation d'items dont certains ont pour consigne d'être " à retenir " et d'autres " à oublier ". Une étude préliminaire comparant l'oubli dirigé des patients atteints de PTSD à des témoins nous a montré que les PTSD présentaient un effet d'oubli dirigé diminué par rapport aux témoins, c'est à dire qu'ils avaient des difficultés à inhiber les items " à oublier ". En d'autres termes, ils présentaient un déficit des processus inhibiteurs, c'est à dire une difficulté à inhiber l'information non pertinente au sein de l'ensemble de l'information. Cependant ne pouvant savoir si ces processus sont défaillants (constituant un facteur de vulnérabilité propre au PTSD) ou dépassés par la nature de l'information traumatique en soi, nous avons comparé les PTSD à un échantillon de patients déprimés dont on sait que leur mémoire autobiographique est perturbée. Nous retrouvons un oubli dirigé comparable à celui des témoins et meilleur que chez les PTSD. Nous discutons les implications psychopathologiques de ces résultats nous orientant vers l'idée de l'existence d'un trouble spécifique au PTSD sans pouvoir conclure s'il est un facteur vulnérant ou une conséquence de la nature traumatique de l'information