What empathy can(not) do : an inquiry into the epistemic possibilities and limits of empathic imagination
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
In my dissertation, I am going to argue that empathy is a cognitive process through which we imagine another’s first-person perspective in a given situation. Empathy aims at providing empathizers with an insight into “what it feels like” to be in somebody else’s shoes. I call this phenomenon phenomenal insight. In light of this account, I am going to show some of empathy’s major epistemic possibilities and limits. The dissertation is so structured. In Chapter I, I will engage with the literature devoted to the definition of empathy. From this debate, I extrapolate a pattern of basic features that are shared by most accounts. I then introduce the definition of empathy I will be dealing with throughout the present work.In Chapter II, I engage with the view that regards empathy as capable of providing us with an understanding of other people's reasons for action, where reasons are to be taken as constituted by a belief-desire couple. I criticize the belief-desire model and argue for the inclusion of emotions as full-right reason-giving states. I show how emotions' main source of motivation can be found in the way in which they are phenomenally experienced by subjects. I then argue for phenomenal insight as a way to grasp the reason-giving dimension of emotional states.Attached to this chapter I put an Appendix in which I explore more in detail how it is possible for us to first-personally imagine emotional states. In Chapter III, I argue that what can be empathically imagined is bound to the kind of individuals we are, i.e. to our preferences, values, dispositions, etc. When trying to imagine other people's perspectives, traces of our “selves” can be found in what and how we imagine. I use the case of “imaginative resistance” as a vivid example of this phenomenon. I further defend my claims by resorting to some relevant empirical work in social psychology and neuroscience. In Chapter IV, I engage with the debate on transformative experiences (TEs). TEs could, indeed, be interpreted as highlighting major limits of our imaginative capabilities due to the kind of selves we are. The stock of experiences we had constrains our capability to conjure up the relevant imaginings about experiences we did not personally undergo. At the same time, the kind of “self” we are impedes us to fully appreciate a different self’s perspective. In Chapter V, I show how the challenges to empathy explored in the previous chapter can be counterbalanced. This allows me to show some surprising features of empathy that are seldom discussed in contemporary literature, namely the possibility to learn via empathy and the possibility to change via empathy. On the one hand, I show how empathy, by stretching our imagination, can provide us with phenomenal insight into experiences we did not actually undergo. On the other hand, I show how empathy, by exposing ourselves to new perspectives, can change us as individuals.
Abstract FR:
Dans ma thèse, je soutiens que l'empathie est un processus cognitif par lequel nous imaginons la perspective à la première personne d'une autre personne. L'empathie vise à fournir aux empathisants un aperçu de « l’effet que cela fait » d’être à la place d'une autre personne. J'appelle ce phénomène « compréhension phénoménale ». À la lumière de ce compte rendu, je vais montrer certaines des principales possibilités et limites épistémiques de l'empathie. La dissertation est ainsi structurée. Dans le Chapitre I, j'examine la littérature consacrée à la définition de l'empathie. À partir de ce débat, j'extrapole un modèle de caractéristiques de base qui sont partagées par la plupart des théories de l'empathie. Je présente ensuite la définition de l'empathie que j'utiliserai tout au long de ce travail. Dans le Chapitre II, j'aborde le point de vue qui considère que l'empathie est capable de nous fournir une compréhension des raisons d'agir des autres, où les raisons doivent être considérées comme constituées d'un couple croyance-désir. Je critique le modèle croyance-désir et plaide pour l'inclusion des émotions en tant qu'états mentaux capables de fournir aux sujets des raisons pour agir. Je montre comment la principale source de motivation des émotions peut être trouvée dans la manière dont elles sont vécues phénoménalement par les sujets. J'argumente ensuite en faveur de la compréhension phénoménale comme moyen de saisir la dimension motivationnelle des états émotionnels. Je joins à ce chapitre une Annexe dans laquelle j'explore plus en détail comment il nous est possible d'imaginer à la première personne des états émotionnels. Dans le Chapitre III, je soutiens que ce qui peut être imaginé de manière empathique est lié aux types d'individus que nous sommes, c'est-à-dire à nos préférences, valeurs, dispositions, etc. Lorsque nous essayons d'imaginer le point de vue des autres, nous trouvons des traces de notre "soi" dans ce que nous imaginons et dans la manière dont nous l'imaginons. Je prends le cas de la "résistance imaginative" comme un exemple frappant de ce phénomène. Je défends ensuite mes affirmations en recourant à des travaux empiriques pertinents en psychologie sociale et en neurosciences. Dans le Chapitre IV, je reprends le débat sur les expériences transformatives (ET). Les ET pourraient, en effet, être interprétées comme mettant en évidence les limites de nos capacités d'imagination dues au type d'individus que nous sommes. L’ensemble d'expériences que nous avons eu limite notre capacité à évoquer les imaginations pertinentes sur des expériences que nous n'avons pas personnellement vécues. En même temps, le type de "soi" que nous sommes nous empêche d'apprécier pleinement la perspective d'un autre soi. Dans le Chapitre V, je montre comment les défis à l'empathie explorés dans le chapitre précédent peuvent être contrebalancés. Cela me permet de montrer certaines caractéristiques surprenantes de l'empathie qui sont rarement abordées dans la littérature contemporaine, à savoir la possibilité d'apprendre par empathie et la possibilité de changer par empathie. D'une part, je montre comment l'empathie, en sollicitant notre imagination, peut nous donner une compréhension phénoménale d'expériences que nous n'avons pas personnellement vécues. D'autre part, je montre comment l'empathie, en nous exposant à de nouvelles perspectives, peut nous changer en tant qu'individus.