thesis

La construction et l'entretien des mémoires et de l'histoire sociale et collective à Caspana (Hauts Plateaux du désert d'Atacama, Nord du Chili)

Defense date:

Jan. 15, 2019

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Institution:

Paris, EHESS

Abstract EN:

The inhabitants (indigenous peasants) of the andean village of Caspana (Chile), located at 3200 masl in the Atacama Desert’s high canyons of the Loa River, have long established an organic relationship with their "traditions" and customs, as well as with catholic festivities and rites. This implies a constant deployment of material and symbolic efforts (social, economic, political and ritual) that put into play the necessary reciprocity between people and the power and potency of the sacralized elements of nature, the cosmos, and above all, the ancestors who lavish them with fertility, which enables the propagation of life in all its expressions. This directly alludes to humanity’s power to transform nature, and its interdependent relationship. At the same time, they are the foundation and support of Caspana’s memory and history. Therefore, this thesis established its "point of view" in the memory and social and collective history of this complex physical, social and ritual space, analyzing its socio-cultural dynamics based on long term ethnographic work and from an interdisciplinary approach: anthropological, historical, ethno historical and micro historical.The aforementioned allowed to investigate the conceptualization that the Caspaneños have of time-space and the socially and collectively constructed past that is expressed in all spheres of social life: in individual, family and collective memory, as well as in the construction of a history and a canonical discourse about it. In turn, these memory and history are anchored in the landscape, in certain events, myths and the ritual and performance language. This work also analyzes and reflects on the devices or manner of creation, transmission, expression, transformation and validation of memory and history in different historical contexts, as well as the processes of mutation and forgetting that manifest in the everyday and in the ritual through orality, the use and reuse of performatic ceremonies and rituals, their inscription in the territory and time, and the writing and audiovisual work. Finally, he explores the intimate relationship between memory, history and the cult of death and the ancestors, as well as its power and relationship with the sacred, the reproduction of life and social organization. The Caspaneños symbolize the aforementioned as a material and metaphorical journey to a common social, historical and symbolic origin in which everyday times and rituals are a fundamental part of the order of time associated with cosmic cycles.

Abstract FR:

Dans la localité andine de Caspana (Chili), située à 3 200 mètres au-dessus du niveau de la mer, dans les hautes vallées du fleuve Loa, en plein désert d’Atacama, les habitants (paysans-indigènes) ont tissé depuis des temps immémoriaux une relation organique avec leurs traditions et coutumes, d’une part, et avec les fêtes et rites catholiques, d’une autre. Une telle relation implique un déploiement constant d’efforts matériels et symboliques (sociaux, économiques, politiques et rituels) qui mettent en jeu et alimentent la nécessaire réciprocité qui unit les hommes au pouvoir et à la puissance des éléments sacralisés de la nature, du cosmos et surtout des ancêtres. Il s’agit là de forces qui prodiguent la fertilité et rendent possible la reproduction de la vie sous toutes ses formes, renvoyant directement au pouvoir transformateur de l’humanité sur la nature et à leur relation d’interdépendance. Elles constituent le fondement et le support des mémoires et de l’histoire de Caspana.Dans ce contexte, la présente thèse a choisi pour « point de mire » les mémoires et l’histoire sociale et collective de cet espace physique, social et rituel hautement complexe. Le point de départ en a été l’analyse des dynamiques socio-culturelles, recensées grâce à un travail ethnographique au long cours, mené dans une perspective interdisciplinaire : anthropologique, historique, ethno-historique et micro historique.Ce travail m’a permis d’approfondir la conceptualisation que les Caspaneños ont de l’espace-temps et du passé, un passé forgé socialement et collectivement qui s’exprime dans toutes les sphères de la vie sociale : dans les mémoires individuelles, familiales et collectives, ainsi que dans la construction d’une histoire et du discours canonique qui s’y rapporte. Mémoires et histoire sont ancrées dans le paysage, dans certains événements, dans les mythes et dans le langage rituel performatif.Le fruit de ces recherches en est l’analyse des dispositifs, des modes de création, de transmission, d’expression, de transformation et de validation des mémoires et de l’histoire dans divers contextes historiques. Il nous est apparu tout aussi nécessaire d’étudier leurs processus de mutation et d’oubli, tels qu’ils étaient énoncés dans le monde quotidien et rituel par le biais de l’oralité, de l’utilisation et de la réutilisation de la performativité des cérémonies et des rituels, de leur inscription dans le territoire et dans le temps, ainsi que celle de l’écriture et de l’audiovisuel. Finalement, cette thèse explore la relation intime qui lie mémoire, histoire et culte des morts et des ancêtres, ainsi que son pouvoir et son rapport au sacré, à la reproduction de la vie et à l’organisation sociale. Tout cela est symbolisé par les Caspaneños comme un voyage matériel et métaphorique vers une origine sociale, historique et symbolique commune. Au sein de cette origine, les temps et espaces quotidiens et rituels constituent une partie fondamentale de l’ordre du temps qui est associé aux cycles cosmiques.