thesis

La mise en soi de l'objet de l'Autre : des concepts de possession et d'appropriation dans le contexte de la consommation d'occasion

Defense date:

Jan. 1, 2013

Edit

Institution:

Paris, EHESS

Abstract EN:

This work, based on methodology inspired by grounded theory, is an exploration of used object consumption. Results have been based upon an ethnographic study carried out over an 11-month period in the greater metropolitan Montreal (Quebec) area, through fieldwork in flea markets, garage sales, second hand stores and online classified ad websites. The data clearly underlines the continual negotiation process inherent to the realm of second-hand goods, with the overarching concept of otherness: when purchasing second-hand, the presence of the Other can be facilitating, incoveniencing or cumbersome, but it remains omnipresent. Emboldened by this initial observation, the work then went on to highlight the apparent complexity of the appropriation process with regard to second-hand objects and the existence of a certain "je ne sais quoi" that must be overcome in order to fully enjoy any new possession. Thus, from this observation, light is shed on an additional function of consumer goods: the object a personal territorial support - the mobile territorial object. As such, in the context of second-hand consumption, a used item is the Other's territory, which must be conquered so as to enable appropriation, with the difficulty of the conquest being a function of the item in question and of the degree of appropriability inherent to the three detected used object categories (Possessed, Inhabited and unoccupied). This conquest then revolves around two primary processes: a distancing from the Other meant to expropriate one or more previous owners, and then the taking unto oneself of an object, using both perceptions and actions meant to make entirely one's own an object that had previously belonged to an Other.

Abstract FR:

Ce travail, basé sur une méthodologie inspirée de la Grounded Theory, explore l’univers de la consommation d’objets usagés. Les résultats se fondent sur une étude ethnographique réalisée durant onze mois dans la région métropolitaine de Montréal (Québec) sur le terrain des marchés aux puces, ventes de garage, magasins d’occasions et sites internet de petites annonces en ligne. Après avoir défini puis analysé les trois principaux moments de l’achat d’occasion que sont le furetage, l’approche et la prise de possession, les données mettent en avant la constante négociation qu’impose l’univers des objets de seconde main avec le concept d’altérité : lorsque l’on achète d’occasion, la présence de l’Autre se fait ainsi facilitante, incommodante ou encombrante mais demeure omniprésente. Fort de ce premier constat, ce travail souligne ensuite l’apparente complexité du processus d’appropriation à l’endroit des objets d’occasion et l’existence d’un « je ne sais quoi » à dépasser afin de pouvoir jouir pleinement de leur possession. Si l’examen des observations et discours des six catégories d’acheteurs (les Malgré-Moi, les Résistants et les Maîtres-Chasseurs) et non-acheteurs (les Angoissés de l’image, les Angoissés de l’échec et les Angoissés de l’impur) interrogées fait état de perceptions, motivations et pratiques différenciées pour chacune des catégories identifiées, il révèle toutefois une difficulté partagée à faire sien l’objet ayant déjà appartenu à un autre que soi. De ce constat émerge alors la mise en lumière d’une fonction additionnelle des biens de consommation : l’objet support du territoire de l’individu, l’objet territoire mobile. Dans le contexte de la consommation d’occasion, l’objet usagé se fait ainsi territoire de l’Autre : un territoire qu’il s’agit de conquérir avant d’être en mesure de se l’approprier, conquête dont la difficulté sera fonction du sujet lui-même et du degré d’appropriabilité inhérent aux trois catégories d’objets usagés repérées (les Possédés, les Habités et les Inoccupés). Cette conquête s’articulera ensuite autour de deux principaux processus : la mise à distance de l’Autre visant l’expropriation du ou des précédents propriétaires, puis la mise en soi de l’objet usant à la fois de perceptions et d’actions vouées à faire complètement sien cet objet appartenant anciennement à l’Autre.