Les frontières en mouvement de l’esplanade des Mosquées : anthropologie d’un lieu saint musulman dans le contexte conflictuel de Jérusalem
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
This Ph.D Dissertation in religious Anthropology deals with the study of al-Aqsa compound. It also uses the schemes of Anthropology of Space and Heritage. It is the place of long-lived worshiping practices and conflicting appropriation processes within the context of Jerusalem in the recent decades. Thus it is undergoing strong spatial restraints. Our goal is to highlight the site’s dynamics of foundation and sustainability, but first and foremost to investigate the ways in which al-Aqsa is experienced by several actors, through collective and individual practices: these range from the religious leader holding an official discurse on the Compound while preaching to the Palestinians resident of Jerusalem who visits it as a working place, a refuge or a space of prayer and include muslim foreign Pilgrims who transit for the first time in the compound on their way back from Hajj or the members of a political religious movement active in the defence of the site. Starting from these multiple experiences I was able to sketch step by step along observations, the variety of relationhips to the sacred place. Through an ethnographic investigation centered on the Mosques Compound linked with historical informations, the study is aimed at grasping the structures of the Holy Site in the making as its borders result from an ongoing process. It also investigates religious practices (ziyâra, ribât, khutba) whose definition evolve according to the context of conflict and scrutinizes the Heritage processing of the Site and its rituals, religious (Ramadan, mawlid) and community-based (weddings, funerals), as well as its traditions (the Rock, mi‘râj). Al-Aqsa Compound functions as a framework for identities and as the matrix of these identities, a space of belonging and appropriation and therefore a pluridimensional patrimonial object, religious, political, individual, collective, local and universal. Following several analytical scales, the goal pursued is to question the ability of the Holy Site to federate while embodying different identities.
Abstract FR:
Ma thèse d’anthropologie religieuse, qui mobilise également des modèles de l’anthropologie de l’espace et du patrimoine, porte sur l’esplanade des Mosquées. Lieu de pratiques cultuelles inscrites dans le temps long de la religion, ce site est l’objet d’appropriations conflictuelles dans le contexte contemporain de Jérusalem et soumis à d’importantes contraintes spatiales. Il s’agit de mettre au jour les logiques de sa fondation et de sa pérennisation, mais également et surtout la façon dont il est vécu. Je propose de réexaminer la position de ce lieu saint central en islam, à partir de l’étude des pratiques, collectives ou individuelles, de l’ensemble des protagonistes qui l’investissent : le responsable religieux, l’employé de l’Administration des waqf-s, le résident palestinien de Jérusalem qui le fréquente quotidiennement, le pèlerin musulman étranger qui le découvre pour la première fois, le fidèle coupé du site, palestinien ou non, qui se le représente, le membre d’un mouvement politico-religieux engagé dans sa défense. Partant de ces expériences multiples qui peuvent paraître déconnectées, j’ai vu se construire pas à pas, au fil des observations, la variété des modalités de rapports au lieu saint. À travers une enquête ethnographique centrée sur l’esplanade des Mosquées, accompagnée d’importantes mises en contexte historiques, mon objectif est de saisir la fabrique du lieu saint en train de se faire, d’envisager ses frontières comme le résultat d’une élaboration en cours, d’appréhender des pratiques religieuses (la ziyâra, le ribât, la khutba) dont la définition évolue en fonction du contexte conflictuel, et enfin d’observer des processus de patrimonialisation de ce site, de ses rituels religieux (Ramadan, mawlid) et communautaires (mariages, funérailles), de ses traditions (Rocher, mi‘râj). L’esplanade des Mosquées est envisagée comme support identitaire et comme producteur d’identité, espace d’appartenance et d’appropriation, et par là comme un objet patrimonial pluridimensionnel, religieux et politique, individuel et collectif, local et universel. Suivant plusieurs échelles d’analyse, il s’agit d’interroger la capacité du lieu saint à fédérer, tout en incarnant des identités diverses.