thesis

Le "faire famille" au Liban : récit d'une enquête ethnographique par apparentement

Defense date:

Dec. 4, 2019

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Institution:

Paris, EHESS

Abstract EN:

This PhD research analyses "facts of kinship" in the Lebanese multi-confessional context. It questions the issue of filiation and its relation to the religious, the social or the community, in a restricted territory where the personal status is the responsibility of each religious community. It raises the question of whether the coexistence of diverse family models lies in the plural forms of filiation’s establishment or, conversely, on a common ethos shared by Lebanese families on “making family”. This thesis first focuses on the issue of abandoned children. By giving us access to its archives, one of the oldest religious congregation in Beirut allowed us to collect and analyse data on a century of activity (1852-1953). This analysis provides information on the management of disaffiliation, children’s placement and adoption in the particular historical and geographical context of Lebanon: from its Ottoman domination to its independent status, through a French mandate that redrawn its borders. It, therefore, informs on a geographical and cultural area where the knowledge on the subject is limited. The second part of this thesis is an observation on the “search of the origins” and its implications: reunion, “reconnection” or creation of relationship with the family of origin. The biographical elements open the discussion on the place of the author as both author-researcher and object of his research. Overall, the narrative of this journey is at the crossroads of reflexive ethnography and the anthropology of kinship. We have qualified it as an inquiry "by relatedness", to designate a posture that goes beyond the double movement of "familiarization" and "distancing".

Abstract FR:

Ce travail se propose d’analyser des « faits de parenté » dans le contexte pluriconfessionnel libanais. Il s’agit de se demander, de quelle manière, sur ce territoire restreint où la question du statut personnel est du ressort de chaque communauté religieuse, la question de la filiation s’articule-t-elle avec le religieux, le social ou le communautaire ? Est-ce que la pluralité des modes d’établissement de la filiation fait coexister plusieurs modèles familiaux ou à l’inverse, les familles libanaises partagent-elles un éthos commun sur la manière de « faire famille » ? Le premier axe concerne la question des enfants abandonnés. En nous donnant accès à ses archives, l’une des plus anciennes congrégations religieuses de Beyrouth nous a autorisées à recueillir et à analyser des données sur un siècle d’activité (1852-1953). Il s’agit alors de saisir comment la question de la désaffiliation, celles du placement des enfants et de l’adoption ont été traitées dans ce contexte historique et géographique particulier : celui d’un territoire qui est passé de la domination ottomane à celle de l’indépendance en passant sous mandat français où les frontières ont été redessinées. Ces informations nous renseignent sur une aire géographique et culturelle où il y a peu de connaissances sur le sujet. Le second axe se poursuit par une observation sur la quête des origines et ses effets : retrouvailles, « renouages » ou création de liens avec la famille d’origine. Les éléments biographiques ouvrent la discussion sur la question de la place de l’auteur à la fois auteur-chercheur, objet de sa recherche. Le récit de ce parcours vise à s’inscrire au croisement de l’ethnographie réflexive et de l’anthropologie de la parenté. Nous l’avons qualifié d’enquête « par apparentement », pour désigner une posture qui s’inscrit au-delà du double mouvement de « familiarisation » et de « distanciation ».