thesis

Resolver, un art cubain de la débrouille : la gestion du quotidien des Vazquez, une famille transnationale dans la Cuba des années 2000

Defense date:

Jan. 1, 2016

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Institution:

Paris, EHESS

Directors:

Abstract EN:

El presente trabajo consiste en una etnografía del cotidiano cubano realizada a lo largo de siete años (2007-2013). La investigación se ha desarrollado en diferentes hogares de una familia multi-situada (multi-site), la cual ha servido a la vez como base de observación de la sociedad y como objeto de investigación. El hogar principal se encuentra La Habana, otro en Monte, un pueblo rural en el oriente de la isla, de donde procede la familia y un tercero en Miami, Estados Unidos. La familia se moviliza constantemente entre los tres hogares, ya sea por viaje o por migración. La investigación multi-situada por inmersión ha sido completada con la consulta de archivos inéditos de Oscar Lewis y de su equipo. Archivos, escritos y orales, procedentes de una vasta investigación colectiva sobre la vida en Cuba durante la primera década de la Revolución (1968-1970) y cuyas cajas han sido re-abiertas por primera vez para esta investigación. Su exploración permite acceder a las experiencias vividas por los cubanos de la época y de confrontarlos a la memoria de tres generaciones de la Cuba contemporánea. Examinadas a partir de las experiencias cotidianas, las dificultades con las que se topan los cubanos han dado lugar al “resolver”, un arte particular del apaño que conforma la unidad de todas las descripciones. Desde el inicio de la Revolución los cubanos han estado condenados a la resolución permanente en su mayoría fuera de la legalidad, frente a los constantes imprevistos de la vida económica producidos por un sistema poco coherente. Este sistema por un lado ha sido el resultado de un voluntarismo utópico, y por otro lado de un pragmatismo del propio poder por resolver a su vez las dificultades que suscita. La creatividad de los gobernados ha ido muy lejos, hasta rediseñar el sistema económico y social de la isla desde sus cimientos. Lejos de la idea de una economía paralela, la etnografía del resolver traza un tejido social en el que, por decirlo de alguna manera, el gobierno ha proporcionado el hilo autoritario, y el pueblo cubano, la trama improvisada. La etnografía se adentra en los detalles del arte de llegar a fin de mes recurriendo a los métodos de la etnocontabilidad: describir y calcular como las personas cuentan, escrutan los presupuestos de sus hogares y de empresas, en su mayoría ilegales, y como establecen las rentabilidades reales de los desvíos y arreglos económicos. El resultado es un tipo de fenomenología de lo cotidiano: alimentarse, curarse, trabajar, pesar cada recurso y cada gasto, prestar atención a la más mínima actividad y establecer un seguimiento etnográfico de los recorridos de los bienes y de las personas. El método muestra un nivel de detalle inusual a partir de inventarios exhaustivos, estos han sido particularmente extensos en relación al abastecimiento y a la alimentación, revelando una subnutrición oculta en los datos oficiales. También se describe detalladamente la poliactividad de los ciudadanos combinando el trabajo en empresas públicas con otras actividades legales y/o ilegales, el coste de la salud en los presupuestos familiares y la solidaridad transnacional entre los diferentes hogares, desde la isla hasta Miami. Describiendo situaciones que rozan el surrealismo, la investigación revela múltiples maneras de ilustrar el cotidiano como explica la expresión particularmente significativa de un empresario etnografiado, “el gobierno juega a pagarnos y nosotros jugamos a trabajar”. El objetivo de esta investigación no ha consistido en fijar la inestabilidad de las significaciones reveladas dentro de un marco definitivo sino, al contrario, de resaltar los procesos que las agitan. Como parte inherente de esta agitación, la idiosincrasia cubana, restituida en el teatro de sus operaciones, pasa a ser descriptible y traducible.

Abstract FR:

Le présent travail est une ethnographie du quotidien cubain durant les années 2000. L’investigation a été menée au sein des ménages d’une famille multi-sites, prise à la fois comme base d’observation de la société et comme objet d’enquête. L’ethnographie par immersion a été échelonnée sur sept années (2007-2013). La principale implantation des ménages est à La Havane, une autre est en milieu rural, à Monte, dans l’Est de l’île d’où est originaire la famille, une troisième est aux États-Unis, à Miami. Les membres des ménages voyagent ou migrent d’un site à l’autre. L’enquête multi-sites par immersion a été complétée par l’exploitation d’archives inédites d’Oscar Lewis et de son équipe, archives écrites et orales d’une vaste enquête ethnographique collective sur la vie à Cuba durant la première décennie de révolution (1968-1970), dont les cartons ont été ré-ouverts pour la première fois à l’occasion de cette recherche. Le rapprochement permet d’accéder aux expériences vécues des Cubains dans leurs temps internes, et de les confronter à la mémoire de trois générations. Examinées au ras des expériences quotidiennes, les difficultés rencontrées par les Cubains ont donné lieu à un art particulier de la débrouille, qui donne leur unité à toutes les descriptions : le « resolver », la « résolution » des problèmes. Depuis les débuts de la Révolution, les Cubains ont été condamnés à l’invention de solutions, à la résolution permanente hors légalité face aux impasses de la vie économique constamment produites par un système sans cohérence. Ce système résultait pour partie d’un volontarisme utopique, pour partie d’un pragmatisme du pouvoir pour resolver à son tour les difficultés qu’il subissait ou suscitait. La créativité des gouvernés a été poussée si loin qu’elle a redessiné de fond en comble le système économique et social de l’île. Loin de l’idée d’une économie parallèle, l’ethnographie du resolver retrace un tissu social dont, pour ainsi dire, le gouvernement a fourni la chaîne autoritaire, et le peuple cubain, la trame improvisée. L’ethnographie est entrée dans les détails de l’art de joindre les deux bouts en recourant aux méthodes de l’ethnocomptabilité : compter et calculer comme les gens comptent, scruter les budgets de ménages et d’entreprises le plus souvent illégales, établir les rentabilités réelles de la débrouille économique. Il en résulte une sorte de phénoménologie du quotidien : se nourrir, se soigner, travailler, peser chaque élément de ressource et de dépense, prêter attention à la moindre activité, établir un suivi ethnographique de toutes sortes de parcours des biens et des personnes. La méthode accède à un niveau de détail inhabituel en procédant à des inventaires exhaustifs. Ces inventaires ethnographiques ont été particulièrement développés sur le ravitaillement et l’alimentation, révélant une sous-nutrition masquée par les données officielles, sur la polyactivité des citoyens combinant entreprises publiques et (ou) activités illégales, sur le coût de la santé dans les budgets familiaux et sur la solidarité transnationale entre les différents ménages, de l’île à Miami. En décrivant des situations surréalistes, l’enquête a relevé en même temps les manières multiples d’en rendre compte. Suivant une expression particulièrement significative d’un entrepreneur ethnographié, « le gouvernement joue à nous payer, nous jouons à travailler ». Le but de cette enquête n’a pas été de figer les significations instables relevées dans unesignification définitive, mais au contraire de faire ressortir les processus qui les agitent. Partie prenante de cette agitation, l’idiosyncrasie cubaine, restituée dans le théâtre de ses opérations, devient descriptible et traduisible.