Signes d'ouverture : contributions à une anthropologie des pratiques artistiques en langue des signes
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
These contributions to an anthropology of artistic practices in sign language associate thoughts on creative processes, works of art and audiences. Studying sign language "mises en scènes", in theater, in movies, on television, or online, requires a semiotic model that does not separate speakers and languages before undertaking analysis. I thus provide some insight on gesture studies and linguistic studies on signs in order to shed light on current epistemological and methodological issues in the study of human communication. From language to culture, I will also address the description of deaf people as a cultural and linguistic group by Deaf studies. Deaf studies are known in France but French works interrogating their very existence as a field are rare. Presenting the relationship between Deaf studies and disability studies will be another necessary step toward understanding the contemporary frameworks within which artistic practices in sign language are developing and spreading. Theoretical texts contributing to the institutionalization of artistic practices in sign language are also rare. This is why I dedicated myself to a thorough investigation of the "new directions and definitions" suggested by Dorothy Miles and Louie Fant in 1976, in the context of professionalization of "deaf theater" within the National Theater of the Deaf. I then present the NTD and the evolution of its creations to highlight its influence on the beginnings of the International Visual Theater in France.While artistic practices in sign language have been professionalized and entered public space through theatre, current popularity of "singing in sign language" has led me to question its practitioners' identities and the diversity of its forms. The study of sign language music videos has offered a case study to apply a multimodal analysis, taking into account staged languages, artists' identities and skills, artistic intentions and targeted audiences. Finally, within a signing art world, the study of festivals as reception context allowed me to document how evolutions of deaf/hearing interactions through the sharing of sign language contribute to the emergence of a "signing community".
Abstract FR:
Ces contributions à une anthropologie des pratiques artistiques en langue des signes s'articulent autour d'une réflexion associant processus de création, œuvres et publics. L'étude des mises en scènes de la langue des signes, au théâtre, au cinéma, à la télévision, ou en ligne, nécessite la construction d'un modèle sémiotique qui ne sépare pas les locuteurs et les langues en amont de l'analyse. Je fournis ainsi un certain nombre de repères concernant les études linguistiques sur les langues des signes et les "gesture studies" afin d'éclairer les renouvellements épistémologiques et méthodologiques dans l'étude de communication humaine. De la langue à la culture, je reviens également sur l'étude des sourds comme groupe culturel et linguistique par les "Deaf studies" dans la mesure où si de nombreux travaux qui en relèvent sont connus en France, rares sont les publications qui interrogent ce champ en tant que tel. L'exposé de leurs relations avec les "disability studies" et de certains positionnements vis-à-vis de la catégorie du « handicap » constituent une autre contribution nécessaire afin de mieux comprendre les cadres contemporains au sein desquels les pratiques artistiques en langue des signes se développent et se diffusent. Les textes théoriques contribuant à une institutionnalisation des pratiques artistiques en langue des signes sont aussi très rares. C'est pourquoi je me suis livré à l'exégèse des « nouvelles directions et définitions » proposées par Dorothy Miles et Louie Fant en 1976, dans le contexte américain de professionnalisation du « théâtre sourd » au sein du National Theatre of the Deaf. Je présente ensuite ce dernier et l'évolution de ses créations afin de rendre compte de son influence sur les débuts de l'International Visual Theatre en France. Et si c'est par le théâtre que les pratiques artistiques en langue des signes ont été professionnalisées et sont entrées dans l'espace public, la popularité actuelle du « chansigne » m'a conduit à m'interroger sur l'identité de ses praticien-ne-s et la diversité de ses formes. L'étude des créations audiovisuelles qui y sont liées offrait une étude de cas pour appliquer une analyse multimodale tenant compte des langues mises en scène, de l'identité et des compétences des artistes, des intentions artistiques et des publics visés. Enfin, au sein d'un monde de l'art signant, l'étude de festivals comme contexte de réception m'a permis de documenter la manière dont l'évolution des inter-actions entre sourds et entendants par le partage de la langue des signes contribuent à l'émergence d'une « communauté signante ».