Le sacrifice sanglant : histoire et anthropologie d'un rite de protection en Tunisie
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
In Tunisia, as in the entire Arab-speaking world, suffering and pain are perceived as the combined affect of qaḍā' wa qadar (predestination and fatalism) and the result of harmful supernatural forces such as the evil eye and djinns. Prevention methods are as varied as the evil threatening sources. Apart from prayer and du'a (prayer), other means that varies according to the circumstances may have a symbolic, if not an effective value (amulets) such as the protective (bloody) sacrificial rites known as dhbīḥa. This blood shed helps to immunize against accidents, diseases and other misfortunes by a protective and preventive power. This dissertation is a study of these protective rituals, a search of the origins, evolution and symbolic of these sacrifices non-dictated by the Sunnah. As part of this work, we are going to study the sacrificial practices as being structured, and having a structural role. We'll observe then the ritual practices related to the rites of passage , celebration and festive setbacks in which the effusion of sacrificail blood plays an important role, and has a magic and efficient effect. Beside this blood value or rather the sacrificial blood effusion, this paper will consider the social role of the sacrificial meat which consumption is shared with the community members. The dhbīḥa marks all the major stages of life, from birth to death, and various events such as sharing a new harvest, calving in the herd, etc. These dhbīḥa are addressed not directly to Allah, but to intermediaries, or intercessors Wuli, or the Jinn. Presumably, the purpose is only to appease the spirits or to obtain the intercession nearby Allah in favor of the sacrificing, essentially to ensure his protection. We've btried all along this work to highlight how, through this system, a griup expresses its vlues, social structure and beliefs. In this approach, we consider dhbīḥa and subsenquently the sacrificial "kitchen" a means of social expression. Indeed, given that meat is cooked, consumed, and particularly offered, food sharing seems to be the basis of sacrificial practices.
Abstract FR:
En Tunisie, comme dans tout le monde arabophone, les souffrances et les peines sont perçues comme l'effet conjugué de qaḍā' wa qadar (prédestination et destin) et de l'effet des forces surnaturelles nuisibles tels que le mauvais oeil ou les djinns. Les méthodes de prévention sont aussi variées que les sources du mal menaçant. En dehors de la prière et du dou'a (invocations), d'autres moyens variables elon les circonstances peuvent avoir une valeur symbolique voire efficace (les amulettes) ainsi que des rites sacrificiels (sanglants) protecteurs connus sous le nom de dhbīḥa. Ce sang versé aura la vertu d'immuniser contre les accidents, les maladies et tout autre malheur par un pouvoir de protection et de prévention. Cette thèse est une étude de ces rituels de protection, une recherche des origines, de l'évolution et des symboliques de ces sacrifices non dictés par la Sunna. Dans le cadre de ce travail fondé sur des enquêtes anthropologiques menées en Tunisie, (au Sahel tunisien), nous comprenons les pratiques sacrificielles comme étant structurées, et comme ayant un rôle structurant à mettre en évidence. Ces dhbīḥa s'adressent non pas directement à allah, mais à ces intermédiaures, des intercesseurs, wūli, ou encore aux djinns. Vraisemblablement, la finalité est seulement d'apaiser les esprits ou bien d'obtenir l'intercession de leur destinataire auprès d'Allah en faveur du sacrifiant, essentiellement de lui assurer une protection. Nous avons essayé tout au long de ce travail de mettre en évidence la manière dont, à travers ce système, un groupe exprime ses valeurs, sa structure sociale et ses croyances. Dans cette approche, nous considérons les dhbīḥa et par la suite la "cuisine" sacrificielle, comme l'instrument d'une expression sociale. En effet, les viandes étant cuisinées et consommées, et notamment offertes, le partage alimentaire semble être au centre des pratiques sacrificielles.