thesis

Pouvoir charismatique et appropriation de l'espace public : le cas de la Tijânîyya au Burkina Faso.

Defense date:

June 9, 2020

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Institution:

Paris, EHESS

Authors:

Directors:

Abstract EN:

This thesis focuses on the dynamics of development of the Sufi brotherhood Tijânîyya, and its branch Hamâwiyya (also called "eleven grains") in Burkina Faso. In particular, I study two main zâwiyas - that of Ramatoulaye, under the religious authority of Sheikh Maïga II, and that of Hamdallaye, headed by Sheikh Doukouré – in order to understand their internal dynamics. My analysis highlights how extending its presence to new public spaces has allowed the Tijânîyya to play a decisive role in the country's political life. I also show that these spaces progressively acquired a new meaning, as part of the broader process of "re-Islamization" of Muslim societies. The emergence of a religious public space corresponds to a growing involvement of religion in the problems of the society, and a new approach to the political world. In particular, we observe a progressive politicization of major religious events, which increasingly mix spirituality and mysticism with civil commitment, as is the case with the commemoration of the Prophet’s birth in Ramatoulaye. Another aspect of this change is the emergence of a moral economy, based on the Islamic ethos and the redefinition of the role of religious authorities as "social planners". The process of renewal of the Burkinabe Tijânîyya seems also to concern women. In particular, I could observe an increased and more active participation of women to the life of the religious community, as well as a growing demand of female emancipation in both the private and the public sphere.

Abstract FR:

Cette thèse porte sur les dynamiques de développement de la confrérie soufi de la Tijânîyya et de sa branche dite « onze grains » ou Hamâwiyya, au Burkina Faso. A partir de l’observation des deux principales zâwiyas, celle de Ramatoulaye sous l’autorité religieuse du cheikh Maiga II et celle d’Hamdallaye dont l’autorité est assurée par le cheikh Doukouré, j’ai essayé de comprendre les dynamiques internes qui caractérisent ces deux foyers. L’analyse proposée se concentre sur le processus d’acquisition de nouveaux espaces publics permettant à la Tijânîyya de participer activement aux enjeux politiques du pays. Il a été observé que ces espaces ont désormais acquis une nouvelle signification, qui s’inscrit dans un plus large projet de « réislamisation » des sociétés musulmanes. La naissance d’un espace public religieux reflète l’intérêt progressif de la religion pour les problèmes sociétaux et son approche du monde politique : on assiste ainsi à une politisation progressive des grands événements religieux qui mélangent de plus en plus la spiritualité et le mysticisme avec l’engagement civil, comme c’est le cas de la commémoration de la naissance du Prophète à Ramatoulaye. Une autre expression de ce changement est la concrétisation d’une économie morale basée sur l’ethos islamique et la redéfinition du rôle des autorités religieuses qui deviennent des « planificateurs sociaux ». Le processus de renouvellement de la Tijânîyya burkinabé semble également investir sa composante féminine. J’ai notamment observé une participation plus active des femmes à la vie de la communauté religieuse, et une volonté accrue d’émancipation dans la sphère privée et publique.