Regards croisés sur l’expérience prénatale : anthropologie de la santé reproductive et de l’action publique à El Alto (Bolivie)
Institution:
Paris 10Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Despite many changes in the health sector during the three past decades, maternal mortality is still presented as "a public health issue" by the Bolivian government. The institutional mechanisms (free care, interculturalism, cash transfers) set up to attract pregnant and/or childbearing age women into public health facilities haven’t reached the expected results.From an ethnographic field survey carried out in the Andean city of El Alto for more than 19 months between 2013 and 2015, this thesis explores the reasons for this relative immobilism by confronting discourses, representations, and practices of the actors involved in the preconception period, the pregnancy and the childbirth. The analysis is developed upon the encounter of two viewpoints: on one side, the healthcare offer deployment, and, on the other, the women’s stories.After presenting the relational and organizational dimensions of the biomedical standards and their contradictions, it is, then, a matter of bringing to light the actors' games and stakes that emanate from the prenatal daily experience among the parturients: reproductive status, "problem" of adolescent pregnancy, family planning, abortion, body transformation, risk management, and choice of the place for childbirth. It is in the mirroring of these two approaches that the cluster of reasons contributing to explain the deadlocks of public health is revealed, as well as the entanglement of the social, cultural and political logics at work during the prenatal period in Bolivian urban context.
Abstract FR:
En dépit des nombreux changements survenus depuis une trentaine d’années dans le secteur de la santé, la mortalité maternelle reste présentée comme un « problème de santé publique » par le gouvernement bolivien. Les dispositifs institutionnels (gratuité, interculturalité, transfert monétaire) mis en œuvre pour attirer les femmes enceintes et/ou en âge de procréer dans les établissements de santé publics n’ont pas généré les résultats escomptés. À partir d’une enquête ethnographique réalisée dans la ville andine de El Alto pendant plus de 19 mois entre 2013 et 2015, la thèse explore les raisons de ce relatif immobilisme en croisant les discours, représentations et pratiques de l’ensemble des acteurs impliqués pendant la période préconceptionnelle, la grossesse et l’accouchement. L’analyse met en regard deux approches : l’une depuis le déploiement de l’offre de soins, l’autre à partir du récit des femmes. Après avoir présenté la dimension relationnelle et organisationnelle de l’encadrement biomédical dans leurs contradictions, il s’agit de mettre au jour les jeux d’acteurs et les enjeux qui émanent de l’expérience quotidienne prénatale chez les parturientes : norme procréative, « problème » des grossesses adolescentes, planification familiale, avortement, métamorphose du corps, gestion des risques ou encore choix du lieu d’accouchement. C’est dans le jeu de miroir entre ces deux approches que se dévoile le faisceau de raisons contribuant à expliquer les impasses de la santé publique, ainsi que l’enchevêtrement des logiques à la fois sociales, culturelles et politiques à l’œuvre pendant la période prénatale en contexte urbain bolivien.