Cancer et grande pauvreté : ethnologie de la "Maison de Nanterre"
Institution:
Paris 5Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The purpose of this thesis is to analyse the reasons for the non-compliance of homeless patients who visit Hospital Reception and Treatment Centre (Centre d'Accueil et de Soins Hospitaliers, CASH) in Nanterre, with particular attention paid to those who suffer from cancer. Its point of departure is the following : why is it that, paradoxically, health workers consider the majority of homeless patients as abnormal cases, yet still continue to apply to them procedures that have been drawn up for ordinary patients. The data gathered shows that the health workers' perspective has been distorted by a sort of ethnocentricity of class, which we all share, and which leads them to interpret their patients' behaviour through the prism of demeaning stereotypes. Observation of the lives led by homeless people, both in the street and at CASH, shows that in reality then-behaviour is determined by factors linked either to their actual living conditions or to the coercive nature of the organisation of CASH. However, even when they are conscious of the problem, the health workers find themselves placed in a most uncomfortable position because they are unable to change these factors. It is easier for them to respect the regulations and hide behind standard procedures. This then introduces them into a vicious circle: the more non-compliant the homeless are, the more the health workers deem them abnormal and the less they are disposed to take their specific situation into account w^hichjurthgrjggravates their non-compliance
Abstract FR:
L'objectif de cette thèse est d'analyser les raisons de la non-compliance des patients SDF qui fréquentent le Centre d'Accueil et de Soins Hospitaliers (CASH) de Nanterre, et plus particulièrement de ceux d'entre eux qui sont cancéreux. La question de départ est la suivante : pourquoi, très paradoxalement, alors même qu'ils considèrent la plupart d'entre eux comme des anormaux, les soignants persistent-ils à appliquer à leur patients SDF des modalités de prise en charge qui ont été conçues pour les patients ordinaires ? Il ressort des données recueillies que le regard que les soignants portent sur les SDF est déformé par une sorte d'ethnocentrisme de classe, que nous partageons tous, et qui les conduit à interpréter les comportements de leurs patients à travers des stéréotypes dévalorisants. L'observation de la vie que mènent les SDF tant dans la rue qu'au CASH montre qu'en réalité, leurs comportements sont déterminés par des facteurs qui sont liés soit à leurs conditions objectives d'existence, soit au caractère coercitif de l'organisation du CASH. Toutefois, même lorsqu'ils en sont conscients, les soignants se trouvent placés dans une position très inconfortable, car il n'est pas en leur pouvoir d'agir sur ces facteurs. Il est plus facile pour eux de s'en tenir au respect des règlements et à se réfugier derrière des procédures standard de prise en charge, ce qui entraîne la relation thérapeutique dans un cercle vicieux : plus les SDF sont non-compliants, plus les soignants les jugent anormaux, et moins ils sont disposés à tenir compte de ce qui fait leur spécificité, ce qui aggrave encore davantage la non-compliance de ces derniers.