thesis

« Manger pour soi-même » : stratégies d'émancipation et processus d'autonomisation chez les jeunes bétés de « retour à la terre » en Côte d'Ivoire

Defense date:

Nov. 30, 2018

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Institution:

Sorbonne Paris Cité

Disciplines:

Authors:

Abstract EN:

Ivorian rural areas, particularly those in the centre and the west - like the Bété land, where I conducted my field works - have a notable feature: they host more migrants than they provide, and these migrants are mostly young people. Since the late 1970s, the country has been marked by a strong migratory process known as "return to the land", which is often only a return to the village. Today, it concerns young indigenous peoples of the forest zone, who come to settle in their paternal villages with the hope of a better life for some, or as a solution of second-best for others. This migratory process is generally interpreted as a consequence of urban precariousness and as one of the causes of the aggravation of the socio-land crisis in the country This PhD thesis offers a different perspective on this phenomenon by apprehending it under the way of the economic and political dynamics provoked by these young people. They carrying an ideology of "modernity", as they seek to emancipate themselves from their elders and to create new forms of solidarity. These ambitions are accompanied by two concomitant processes whose analysis constitutes the heart of this work: the empowerment of youth as a political category on the one hand and the individualisation of certain young people within this category on the other hand. This PhD thesis thus sheds light on two processes rarely analysed in the villages, while they are well documented in urban area. It thus provides insights into the contemporary changes in rural areas in Côte d'Ivoire.

Abstract FR:

Les espaces ruraux ivoiriens, et particulièrement ceux du centre et de l'ouest-forestier, tel que le pays Bété où j'ai mené mes enquêtes, présentent une caractéristique notable : ils accueillent plus de migrants qu'ils n'en fournissent, et ces migrants sont majoritairement des jeunes hommes. La Côte d'Ivoire est en effet marquée, depuis la fin des années 1970, par un fort processus migratoire dit de « retour à la terre », qui n'est bien souvent qu'un retour au village. Il concerne aujourd'hui des jeunes ressortissants autochtones de la zone forestière, qui viennent s'installer dans leurs villages d'origine avec l'espoir d'un mieux vivre pour certains, ou comme une solution de pis-aller pour d'autres. Ce processus migratoire est généralement interprété comme une conséquence de la précarité urbaine et comme l'une des causes de l'aggravation de la crise socio-foncière dans le pays. Cette thèse propose un autre regard sur ce phénomène en l'appréhendant sous l'angle des dynamiques économiques et politiques provoquées par ces jeunes, porteurs d'une idéologie de la « modernité », alors qu'ils cherchent à s'émanciper de leurs aînés et à créer de nouvelles formes de solidarité. Ces ambitions s'accompagnent de deux processus concomitants dont l'analyse constitue le cœur de ce travail : l'autonomisation de la jeunesse comme catégorie politique d'une part et l'individualisation de certains jeunes au sein de cette catégorie d'autre part. Cette thèse apporte ainsi un éclairage sur deux processus rarement analysés dans les villages, alors qu'ils sont bien documentés en ville. Elle permet plus largement d'apporter des éléments de compréhension sur les mutations contemporaines que connaissent les zones rurales en Côte d'Ivoire.