Le clos et le rayage : des relations aux espaces sur le territoire à l'organisation de la société rurale damganaise, une commune du sud Morbihan
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
The land regrouping of 1953 not only caused the sucide of a farmer and drastic reorganisation of cultivated surfaces. The depossession of lands situated in the clos, in exchange for others, situated in the rayage, merely prefigured the crolling of a system built upon the clos/camber relationship. In order to comprehend the foundations of this society, spatial categories interverring in the social representation of cultivated land is analysed according the ethnographic method of social anthropology. The analysis of technical, agricultural and pastoral practices, that of rituals (weddings, funerals, cropping and pig butchering feasts), and of goods circumation show how all cultivated spaces, social relations, categories of the living (man, plant, animal) combine and oppose in their elaboration different levels where the local, cosmic and universal (french nation, christian religion) are entwined. Within the hierarchical arrangement of ideas and values, the physical limits of the clos, a genealogical, inalienable term, associated with ancestrality, mariage and family, were never defined again. The rayage is characterised with furrow mobility. A collective management recreated the agricultural cycle but also, periodically, the exchanges and relationship outside and inside the locality with the camber. By depriving a farmer of his clos, and through the imposition of agricultural individualism through land regrouping, the clos/rayage complementarity, encompassed in the ultimate value of the camber, was upset. The disparition of the rayage caused that of the camber, a real social fact (an appropriated land, principle of fertility, a mutual aid, a priviledged loan system, preferential marriage choice, accompaniment of the dead), that assured the very principle of the holistic configuration of damgan society.
Abstract FR:
Le remembrement, termine en 1953, n'a pas seulement cause le suicide d'un agriculteur et entraine une reorganisation fonciere des espaces. La depossession de terres situees dans les clos en echange de terres situees dans le seul rayage a prefigure l'ecroulement d'un systeme construit sur la relation clos/camber (structure d'entraide). Pour cerner les fondements de cette societe, les categories spatiales structurant le territoire sont analysees selon une demarche propre a l'anthropologie sociale et a l'ethnoscience. L'analyse des pratiques techniques, culturales et pastorales, des rituels (mariage, funerailles, fete des moissons, fete du cochon), de la circulation de biens ou de substances montre comment tous les espaces, les relations sociales, les categories du vivant (hommes, plantes, animaux) combinent et opposent dans leur elaboration different niveaux ou s'entremelent le local, le cosmos avec un certain universel (nation francaise, religion chretienne). Dans l'agencement hierarchique d'idees-valeurs, le clos terre genealogique, inalienable, jamais redefini dans ses limites au sol, etait associe a l'ancestralite, au mariage, a la famille. Le rayage caracterise par la mobilite des sillons et une gestion collective renouvelait le cycle cultural mais il reconduisait aussi periodiquement les echanges et les relations a l'exterieur et a l'interieur de la localite avec le camber. En privant l'agriculteur de ses clos et en imposant l'individualisme agraire par le remembrement, la complementarite clos/rayage englobee par la valeur ultime du camber allait etre bouleversee. La disparition du rayage entraina celle du camber, veritable fait social total (espace foncier, principe de fertilite, systeme d'entraide, systeme privilegie de pret, choix preferentiel de mariage, accompagnement des defunts. . . ) qui assurait le principe meme de la configuration holiste de la societe damganaise.