Abstract FR:

Cette thèse est issue de douze mois de recherche de terrain menée dans la société Nanerge, un groupe Senufo situé au Sud-Ouesr du Burkina Faso. Il s'agit d'une réflexion sur une notion vernaculaire, siige qu'en franco-africain, on traduit trop souvent par "la honte". Or Siige paraît intraduisible dès lors que l'on appréhende les représentations et les pratiques sociales qui y sont associées. L'objectif de ce travail se constitue donc moins dans la recherche d'une définition adéquate que dans la démonstration de la richesse sémantique de cette notion. Dans une première partie, sont présentées la problématique, les problèmes de l'ethnographie chez soi, l'organisation sociale des Senufo Nanerge et l'état de la question sur l'anthropologie de la honte. La seconde partie de la thèse présente les descriptions ethnographiques et l'analyse des conduites sociales relevant de Siige : Siige-pudeur, Siige-respect, Siige-discrétion, Siige-honte, Siige-déshonneur. Il apparaît que Siige est tantôt recommandé à travers l'exigence de conformité aux normes sociales, tantôt évité quand il s'agit de la transgression de ces mêmes normes sociales. Cette bivalence fait de cette notion un dispositif fondamental de la régulation sociale locale. L'étude de Siige n'est en définitive rien d'autre que celle des codes du savoir-vivre et de la honte qui prévalent en milieu rural Nanerge.