Abstract FR:

L'exploitation forestiere alpine a tres tot recouru a une main d'oeuvre etrangere. En effet, les populations locales prisent dans le systeme de l'agro-pastoralisme ne pouvaient guere etre debauchees pendant de longues periodes. De plus, l'accomplissement du travail du bucheron reclame la maitrise de techniques de precision. Pour l'abattage -diriger la chute d'une masse evaluee en tonnes- mais aussi, plus particulierement pour notre terrain, pour le debardage ; controler la descente de grumes dans une forte declivite. C'est grace a la competence de bucherons originaires principalement du sud-tyrol -autrichiens puis bergamasques- que ces difficultes furent resolues : la rise concue comme un glissoir en bois et les cables forestiers aeriens dont le +quatre fils;. Pour apprehender ces etrangers, les populations ont pu se servir de l'image fournie par les etres sauvages. Ainsi, le bucheron s'est vu attribuer des caracteristiques des fees presentees comme malfaisantes. Cette parente formelle est rendue possible par une proximite -les fees (dryades) resident dans les arbres- mais aussi parce qu'elles assurent comme nos bucherons un monopole sur certaines techniques forestieres. Si l'aspect technique demeure tres fort dans le genre legendaire, il est absent des contes ou le bucheron est decrit souvent comme un etre qui ne reussit que par sa force. Cette image est encore assez vehiculee de nos jours meme dans les milieux academiques. On surevalue la force, on oublie l'indispensable technique qui diminue le risque. Pourtant, c'est bien la competence technique qui est mise en avant chez les professionnels pour cette activite jadis reservee a un groupe, enseignee aujourd'hui dans un cadre scolaire et partagee entre locaux et etrangers. Sans oublier la ruse, l'intelligence efficace qui surmonte l'obstacle rencontree, identifiee comme la metis des l'antiquite et attribuee aussi bien a l'ingenieur qu bucheron.