Abstract FR:

Cette étude constitue une contribution aux recherches sur les populations localisées sur la cote de l'Afrique de l'est, les swahilis. La problématique est principalement celle du don dans ses rapports avec le concept swahili de travail. Font l'objet d'une description ethnographique: - une économie oblative ancienne ainsi qu'une analyse des fondements socioculturels de l'organisation sociale swahili : double morphologie sociale, structure de la parente. - les processus de changements: les dispositifs de segmentation mis en place a la faveur de l'administration territoriale coloniale: règlementation de la production et du commerce des produits régionaux (poissons et bois de mangrove); l'économie oblative: la société swahili était régie par un système complexe d'obligation de dons qui infusait les relations sociales au-delà du strict registre des rapports humains: la vision du monde n'établissait pas de discontinuité entre un monde visible et invisible, humain et non humain, de sorte que l'idée de propriété ne pouvait y avoir cours. - les activités de pêche et la description d'un système de dispositions a la virtuosité: pechci exige des qualités de savoir-faire et d'habileté qui ne relèvent pas simplement d'un "stock de connaissances", mais d'un système de croyances, de valeurs et de modèles particuliers l'accent est principalement mis sur les éléments d'un sens pratique. Les discours relatifs à ce savoir-faire sont révélateurs d'une crise identitaire profonde. De ces considérations découle la proposition suivante : il n'est pas possible, dans la société swahili d'isoler la sphère des échanges a portée morale (le don), et celle qui privilégierait l'intérêt, le calcul égoïste dans le cadre d'une relation d'échange impersonnelle et "contractuelle". La forme suprême du don swahili, qui exerce ses effets en se prolongeant -dans un code de l'honneur, réside dans une économie de la gratitude et de la confiance.