Essais sur la logique économique des grèves
Institution:
Lyon 2Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The major insight provided by Hicks' paradox lies in its underlying appeal for casting negotiations in their very duration. The inability to justify the occurrence and perpetuation of strikes relying on the rationality and perfect information assumptions has led to the development of sequential negotiation models under information asymmetry. These models make strikes synonymous with information acquisition inside the firm. While striking, the agents revise their claims such as to make them compatible. Strike duration represents the time needed for the agents to get and reveal information. It stems from a bargaining process whose outcome makes the union generally worse off as compared to the employer. The union chances avoiding strikes improving the quality of his own information. Observing negotiations held in others firms allows him to revise his claims. Information diffusion decreases strike occurrence and lastly makes both parties better off. Strikes, costly for some, are nonetheless insightful and thus source of cost cuts for others. In case of union pluralism, the benefits arising from information spreading remain. However, the econometric model tested on French data highlights a far more ambiguous effect of information diffusion. The experimental study shows that the unions actually revise their claims depending on whether they already encountered some conflicts in the previous negotiations. Even though, strike probabilities remain the same throughout the game. The experiment highlights fairness concerns among the subjects. Strike turns out to represent a disclosure of a bad state of nature as much as a reaction against the recognition denial from the employer. Duration games enable to cope with the negotiation process in its whole. Strike is like an eventual second step of the negotiation, the first one being a pending phase. These models enable to take into account efficiency relations inside the firm along with recognition needs express through the union's claims. The negotiation process duration no longer stems from information delays but is rather a consequence of dynamic inconsistencies. Econometric tests on French data highlight the actual suitability of such modelizations. Strike is nothing but a step of the negotiation process embedded in a broader employment relationship composed by multiple interactions in the very firm but also among others firms.
Abstract FR:
L'enseignement fondamental du paradoxe de Hicks a été de mettre en lumière la nécessité d'ancrer la négociation dans la durée. L'impossibilité de justifier l'émergence et la pérennisation des grèves dans un cadre où les agents sont rationnels, parfaitement et complètement informés, a conduit au développement de modèles de négociation séquentiels avec asymétrie d'information. Dans ces modèles, la durée de grève est synonyme d'acquisition d'information au sein de l'entreprise. Pendant la grève, les agents ajustent leurs revendications respectives afin qu'elles deviennent compatibles. La durée de grève recouvre alors les délais nécessaires aux agents pour s'informer et révéler leur information, et elle relève d'un processus de marchandage. Ce processus de marchandage reste toutefois défavorable au syndicat. Le syndicat est incité à réduire le risque de grève en améliorant la qualité de son information. En observant les négociations précédentes dans d'autres firmes il est en mesure d'adapter sa revendication. La diffusion de l'information diminue le risque de grève et augmente l'utilité des partenaires sociaux. La grève, coûteuse pour les uns, est aussi vecteur d'information, donc réductrice de coûts pour les autres. En cas de pluralisme syndical, les bénéfices liés à la diffusion de l'information demeurent. L'estimation économétrique du modèle sur données françaises souligne cependant des effets contrariés de la diffusion de l'information. L'analyse expérimentale montre que les syndicats révisent leurs revendications à la baisse lorsqu'il y a eu conflit lors des négociations précédentes. Pourtant, le risque de grève ne diminue pas. L'expérimentation permet de révéler l'importance des considérations de bienveillance. La grève apparaît alors autant comme révélatrice d'un mauvais état de la nature, que comme la réaction à un refus de reconnaissance de l'employeur. Les jeux de durée permettent de retranscrire le processus de négociation dans son ensemble. La grève apparaît comme une éventuelle deuxième étape de la négociation, la première étape étant une phase d'attente. Ces modèles permettent de prendre en compte les relations d'efficience au sein de l'entreprise, ainsi que de la dimension reconnaissance des revendications. La durée des processus de négociation n'est plus engendrée par des délais d'acquisition de l'information mais par des incohérences dynamiques. Les tests économétriques sur données françaises permettent de justifier la pertinence de ce type de modélisation. La grève ne constitue qu'une étape de la négociation, elle-même intégrée dans une relation d'emploi faite d'interactions au sein de l'entreprise et entre les firmes.