Abstract FR:

Le hammam (ou bain collectif) occupe une position-clef dans la vie quotidienne des marocains, malgré le silence qui entoure cette pratique. L’étude, qui s'est réalisée au sein de la tribu des oulad mta', dans son milieu rural d'origine (sud de Marrakech) et son milieu urbain d'immigration (Rabat), met en valeur la permanence du hammam en milieu citadin, fonctionnant a partir d'un modèle ancien, mais évoluant à la mesure de la transformation de cette société hétérogène marocaine, traversée par de multiples courants. En milieu rural, l'institution du hammam, implantée récemment, co-existe avec des pratiques plus anciennes, les "signi" et les "petits hammam". Cette pratique du bain collectif met en jeu le rapport au corps, où le bain pris en commun est autant un bain de propreté, de pureté (préparatoire à la prière), qu'un plaisir partagé, de retrouvailles avec soi et les autres. Cet espace représente ainsi pour l'auteur un espace d'entre-deux, un lieu de transition, qui s'exprime de façon différenciée selon les individus, les âges de la vie, les sexes et les couches sociales. Il joue un rôle essentiel pour le jeune garçon, en relayant le rituel de la circoncision, tout comme il permet à l'homme de réaffirmer son appartenance à sa communauté masculine et sociale. Il agit enfin pour les femmes comme un espace de re-absorption dans un milieu féminin-maternel.