Anthropologie politique dans une entreprise en Côte d'Ivoire : Domination et logique d'accusation
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
The analyses of a fieldwork realised from 1991 to 1995 in a firm in abidjan (cote-d'ivoire) shows that social relationships are established in a frame modelled by a process of ethnicization of domination which encloses power in a structure reproducing colonial hegemony. The authority thus remains either in an alien position, that refers to the previous conqueror, or conceived as indigenous and then translated through a metaphorical field of kinship. This analysis is conducted through the surveying of different levels of the firm, geared with the various spaces in which the actors are engaged. First is shown the inscription of the company inside the ideological and political stakes of "ivoirization". The logics of politics and the nationalist claim drive the founder of the firm to be trapped in the frame constituted by the denonciation of the alien hegemony. The implications of that process in the inner side of the firm are detailed, at the level of the administrative and financial management, first, and then in the workshop. The actors (managers, shareholders, employees) apprehend the antagonism built between indigenous dominants ("african" managers) or alien ones (french "expatriates") and use it to dispossess the former of their legitimity to the profit of the latter. In complementarity with this mediation of alien dominants, kinship produces the idioms in which are formulated the relationships of domination and submission between indigenous actors, thus keeping the perceptions of the industrial rules as allogenous. A survey of individual trajectories, that commit mobility inside kinship spheres to professional inclusion, shows the processes that tend to pattern an imaginary interpenetration of politics, firm and kin that enables the reproduction of the process of ethnicization of domination.
Abstract FR:
Une enquete effectuee de 1991 a 1995 dans une firme industrielle abidjanaise (cote-d'ivoire) permet de montrer que les rapports sociaux s'y instaurent dans un cadre forme par un proces d'ethnicisation de la domination qui enferme le pouvoir dans une structure dichotomique reconstituant l'imposition coloniale. L'autorite est ainsi soit maintenue dans une position etrangere, renvoyant a l'ancien conquerant allochtone, soit produite comme autochtone et incluse dans un champ metaphorique de parente. Cette analyse est construite au moyen d'un examen applique successivement a differents niveaux de l'entreprise, articules avec les diverses spheres dans lesquelles les acteurs sont impliques. Est d'abord montree l'inscription de l'entreprise dans les enjeux ideologiques et politiques de l'"ivoirisation". L'interiorisation des logiques du politique et la revendication nationalitaire conduisent a l'enfermement du fondateur de la firme dans un cadre forme par la denonciation de la suprematie etrangere. Les implications dans l'entreprise en sont reconstituees, au niveau de la gestion administrative et financiere puis a celui des ateliers de production. Les acteurs (dirigeants, actionnaires ou salaries subalternes) se saisissent de l'antagonisme erige entre les dominants autochtones (directeur "africains") et allochtones ("expatries" francais) pour deposseder les premiers de leur autorite au profit des seconds. Articulee a la mediation de l'etranger, la parente fournit les registres dans lesquels sont reinterpretes les rapports de domination et de sujetion entre acteurs autochtones ; de ce fait, les normes de la production industrielle demeurent referencees comme allogenes. L'examen d'itineraires individuels, melant mobilite interne a la parente et insertion professionnelle, montre comment est produite une interpenetration imaginaire du politique, de l'entreprise et de la parente, qui permet la reproduction du proces d'ethnicisation de la domination.