thesis

Revitalisation festive et conflits de mémoire : Saint-Pierre des marins et Messe-Souvenir de Fécamp

Defense date:

Jan. 1, 2008

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Institution:

Paris 10

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

At the end of the 19th century in Fécamp, the Newfoundland fishing shipowners formed a separate social class that was organized in unions and charitable societies. They also created the Saint-Pierre Feast. Celebrated just before the fishing season, the Saint-Pierre Feast gathered many different groupings: shipowners, fishermen, state representatives, clergy members and so on. In a spirit of unity, this Feast built a sense of belonging, a collective memory and helped to maintain the social structure and hierarchies. It also created a social domination which was able to make the seamen accept many things, even the idea of their own death at sea. Today, even though cod fishing has disappeared in Fécamp and a new economy is developing based on the maritime past, former Newfoundlanders are gathering in order to make their Feast live again. The commemoration respects the Saint-Pierre feast rituals. It allows the elders to prove that they were there and are the only legitimate owners of this past now considered as a real capital. Performing the rites of yesteryear, the commemoration possesses functions that the Saint-Pierre Feast did not. We can say that the singularity of the current Feast lies in its claim of trustworthiness to the former rituals. The commemoration, that repeats the non-subversive Saint-Pierre feast rituals, creates a feeling of violence because of the disappearing memory and so gives the seaman, with the prospect of his coming death, a social status he never had before. Until this memory slips from his clutches.

Abstract FR:

À Fécamp, à la fin du XIXe siècle, les armateurs à la pêche terre-neuvière se constituent en une classe sociale distincte. Elle s’organise en créant notamment des syndicats professionnels, des sociétés de charité, ainsi que la fête de la Saint-Pierre. Célébrée peu de temps avant les campagnes de pêche, la Saint-Pierre rassemble très largement : propriétaires, pêcheurs, représentants des pouvoirs publics, clergé, etc. Consensuelle, elle construit les appartenances, propose des représentations et favorise le maintien des hiérarchies et de la structure sociale. Elle contribue à une puissante domination qui fait accepter aux marins jusqu’à l’augure de leur propre disparition en mer. Aujourd’hui, alors qu’on ne part plus pêcher la morue et qu’une nouvelle économie basée sur la passé maritime fait florès, d’anciens Terre-Neuvas se sont regroupés avec la volonté de rééditer leur fête. La Messe-Souvenir respecte les rituels de la Saint-Pierre. Il s’agit pour les anciens d’apporter la preuve qu’ils en furent, disqualifiant, de fait, tout autre modalité du rapport à un passé devenu capital. Faisant spectacle des rites autrefois réalisés, la Messe-Souvenir a des fonctions que la Saint-Pierre, pourtant présentée comme son modèle, n’avait pas. C’est même sur la base d’une fidélité revendiquée aux rituels anciens que réside la véritable singularité de la fête actuelle. La Messe-Souvenir qui répète les rituels de la Saint-Pierre - fête sage - apparaît dans la violence d’une mémoire qui va disparaître, et donne au marin, dans la perspective de sa mort prochaine, un statut social qu’il n’a jamais eu. Jusqu’à ce que la gestion de la mémoire lui échappe.