La nuit inuit : vécu et représentations de la nuit chez les Inuit du nord de la Terre de Baffin (Nunavut, Arctique canadien)
Institution:
Paris 10Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The objectives of this work are to describe the daily night of the Inuit living in Northern Baffin Island (Nunavut, Arctic Canada), to allow a reading and understanding of the Inuit’ own points of view on nocturnal space-time, and hence to try to grasp and analyse the singularities of this night at the level of both experiences and representations. As often as possible, comparative data emanating from other cultural areas has been included. An emphasis is put on language and the spoken word, which permeates through all of the research, fitting it into an ethnolinguistic approach. Structured in three parts, the work presents first the nocturnal framework: Arctic night, day-to-day night, cosmogonies, notions of darkness and light. Then the night experience is analysed while in the state of wakefulness: influences and properties attributed to the night relating to birth, disease and death, to travelling and hunting, to rituals, ceremonies and festivals, and to fear. Finally the night experience is considered in the state of sleep: ethnography of sleep, dream experiences, sketching of a theory of sleep. These analyses, carried out diachronically, highlight the complementarities and continuums which characterize the night/day and darkness/light pairings, which do not match the binary or dualistic schemes that are our own and that Inuit thought tends to reject. Beyond its specificity to the Inuit, this work is also a contribution to a comparative and multidisciplinary reflection, started several years ago at the University Paris Ouest Nanterre La Défense, on what could be an anthropology of the night.
Abstract FR:
Décrire la nuit quotidienne des Inuit de l’Arctique canadien vivant au nord de la Terre de Baffin, donner à lire et à comprendre leurs points de vue sur l’espace-temps nocturne, tenter de cerner et d’analyser les singularités de cette nuit tant au niveau du vécu que des représentations, sans négliger les éléments comparatifs provenant d’autres aires culturelles, voilà les principaux objectifs assignés à cette recherche. L’attention à la parole inuit traverse l’ensemble de la recherche. Voie privilégiée sous divers aspects, elle l’inscrit dans une démarche de type ethnolinguistique. Organisée en trois parties, la thèse présente dans un premier temps le cadre nocturne : nuit arctique, nuit au quotidien, cosmogonies, notions d’obscurité et de lumière. Puis, le vécu de la nuit est analysé à l’état de veille : influences et propriétés attribuées à la nuit sur la naissance, la maladie et la mort, sur les déplacements et la chasse, sur les rituels, les cérémoniels et les fêtes, ainsi que sur la peur. Enfin, le vécu de la nuit est envisagé dans son versant « endormi » : ethnographie du sommeil, expériences oniriques et esquisse d’une théorie du sommeil. Ces analyses, menées dans une perspective diachronique, mettent en évidence l’existence, chez les Inuit, de complémentarités et de continuums qui marquent les couples nuit/jour et obscurité/ lumière, lesquels sont éloignés des schèmes binaires ou dualistes qui sont les nôtres, mais que la pensée inuit tend à rejeter. Au-delà de la spécificité inuit, le présent travail se veut une contribution à une réflexion comparative et pluridisciplinaire, amorcée il y a plusieurs années à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense, sur ce que pourrait être une anthropologie de la nuit.